Plusieurs groupes de recherche travaillent actuellement au développement de prothèses visuelles à différents niveaux du système visuel (cortex visuel, nerf optique et rétine) avec l’objectif ultime de réhabiliter des patients aveugles. Les plus avancées de ces prothèses sont en essai clinique ou même en vente.
Le service d'ophtalmologie des HUG étudie les aspects psychophysiques liés à la vision prothétique et collabore avec la firme Second Sight Medical Products Inc. pour les tests cliniques de leur implant rétinien Argus® II.
Le premier objectif était de déterminer les caractéristiques minimales nécessaires à prendre en considération pour restaurer une vision utile à des patients atteints de cécité à la suite d'une dégénérescence de la rétine externe. Pour cela, l'équipe a utilisé des simulations de vision artificielle pour des tâches comportementales telles que la lecture de textes pleine page, des tâches de coordination visuo-motrice et des tâches d'orientation et de mobilité. L'ensemble des résultats a fourni des indications importantes pour estimer le niveau de réhabilitation que l'on pourrait atteindre avec des prothèses visuelles, dans le cadre des contraintes technologiques actuelles. Ces connaissances sont primordiales pour la conception de prothèses visuelles et devraient être de grand intérêt pour tous les groupes de recherche dans ce domaine. Ils fournissent en même temps des informations essentielles sur les mécanismes fonctionnels du système visuel.
Par la suite, l'équipe a poursuivi son travail avec des tests psychophysiques sur des patients porteurs d’un implant rétinien. Ceux-ci ont servi d’une part, à déterminer l’utilité d’un tel système pour ces patients aveugles et d’autre part, à explorer certains paramètres de stimulation afin d’améliorer les systèmes actuels.
La prothèse épi-rétinienne Argus® II de Second Sight a été testée dans une étude clinique internationale sur une trentaine de patients (http://clinicaltrials.gov/show/NCT00407602), dont deux ont été implantés aux HUG. Le système Argus® II fonctionne de la manière suivante : le patient porte des lunettes incorporant une micro-caméra. L’image de la caméra est transférée vers un petit processeur qui communique avec le stimulateur implanté à travers une bobine fixée sur les lunettes (induction sans fil). Le stimulateur est placé à la surface de l’œil et est connecté à une matrice d’électrodes fixée sur la rétine, qui a pour but de stimuler les cellules survivantes du tissu rétinien à l’aide de courants électriques, afin de procurer une sensation visuelle au patient. Les patients implantés ont subi toute une série de tests psychophysiques et des contrôles médicaux réguliers.
L'équipe travaille essentiellement avec des patients genevois. Mais pour certaines mesures, elle s'est également déplacée dans d’autres centres européens participant à cette étude.
Très brièvement, les résultats de l’étude clinique sont les suivants :
- L’implant Argus® II est généralement assez bien toléré (peu de problèmes médicaux).
- Il y a peu de problèmes techniques. Les implants sont en majorité toujours fonctionnels après plusieurs années d’utilisation.
- Les résultats fonctionnels sont très variables d'un patient à l'autre. Certains patients profitent considérablement du système, d’autres peu. D’une manière générale, les performances dans les tests psychophysiques sont meilleures avec le système que sans, résultats qui ne démontrent cependant pas l’utilité du système pour tous les patients.
- La plupart des patients ne regrettent pas leur participation à l’étude.
Le défi pour le futur est de trouver les moyens d’améliorer ces implants visuels, pour arriver à des résultats fonctionnels comparables à ceux atteints avec les implants cochléaires pour l’audition.