Mpox

Adresse

Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4
1205 Genève
Suisse

Pr. Isabella Eckerle
Pre
Isabella Eckerle
Médecin adjointe agrégée, Directrice du Centre des maladies virales émergentes
Pauline Vetter
Dre
Pauline Vetter
Médecin adjointe, Directrice adjointe du Centre des maladies virales émergentes

Le 14 août 2024, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que l’épidémie de mpox sévissant en Afrique constituait une urgence de santé publique de portée internationale (USPPI). La déclaration originale peut être consultée à l'adresse suivante: : https://www.who.int/news/item/14-08-2024-who-director-general-declares-mpox-outbreak-a-public-health-emergency-of-international-concern).

Le mpox n’est pas une nouvelle maladie. Dû à un virus à ADN proche du virus de la variole humaine et appartenant à la même famille des Poxviridae, (genre orthopoxvirus, monkeypox virus), connu pour infecter les êtres humains depuis les années 1970, il était auparavant appelé monkeypox (variole du singe ou variole simienne), en raison des premières descriptions cliniques chez l’animal. Le singe, comme l’être humain, est un hôte accidentel, et le nom a récemment changé en “mpox". Le réservoir naturel du virus n'est pas le singe, mais probablement certains rongeurs endémiques de l'Afrique de l'Ouest, centrale et de l’Est. Dans ces régions, on observe une augmentation des cas de mpox depuis l’arrêt de la vaccination contre la variole humaine dans les années 1980, selon une dynamique qui s'est encore aggravée depuis l’épidémie mondiale de 2022 qui avait été à l’origine de la première déclaration de l’OMS. 

C’est la forte augmentation du nombre de cas signalés en République démocratique du Congo (RDC) et dans un nombre croissant de pays avoisinants qui n'étaient pas touchés auparavant, et l'apparition d'un nouveau clade du virus (une nouvelle souche qui a évolué), appelé clade 1b, qui a motivé la déclaration de l’USPPI. Les défis actuels dans la région comprennent un manque d'accès aux tests de diagnostic, aux vaccins, aux équipements de protection individuelle et aux traitements. L'OMS et d'autres partenaires collaborent avec les pays et les fabricants pour répondre à ce besoin et maîtriser l'épidémie.

Actuellement, plusieurs épidémies causées par différentes souches sont en cours simultanément dans de nombreux pays avec des modes de transmission et des niveaux de risque distincts. Il reste des incertitudes concernant le taux de létalité et la morbidité ainsi que la transmissibilité des différentes souches de virus, au vu du peu de données existantes concernant le mpox et l’épidémie actuelle en Afrique de l’Est.
Le risque global pour le grand public est actuellement considéré comme faible par l’ECDC pour l'UE/EEE (https://www.ecdc.europa.eu/en/publications-data/risk-assessment-mpox-epidemic-monkeypox-virus-clade-i-africa). Il est probable que des cas soient diagnostiqués en Suisse et en Europe dans les prochaines semaines.

Le Centre des maladies virales émergentes est activement engagé dans la validation diagnostique des tests mpox avec le partenaire FIND et dans le cadre des activités de centre collaborateur de l'OMS. 

Le Centre national de référence pour les infections virales émergentes CRIVE est en mesure de tester les échantillons en cas de suspicion clinique.

Par ailleurs, des études cliniques sur le mpox sont actuellement en cours aux HUG pour évaluer plus en détail la durée de protection vaccinale et l’efficacité d’un traitement antiviral.

Ci-dessous un bref résumé de la situation épidémiologique, des information plus détaillées sur la maladie, le diagnostic (prélèvement des échantillons), le traitement, la vaccination ainsi que les personnes de contact aux HUG en cas de suspicion. Au vu de la présentation clinique, la majorité des patients et patientes consultent en ambulatoire.

Epidémiologie

Le mpox (auparavant variole du singe) ou orthopoxvirose simienne (virus ADN) est dû à un virus proche de celui de la variole humaine. C’est une zoonose présente en Afrique centrale et de l’Ouest, dont les petits mammifères endémiques de ces régions sont probablement le réservoir. Il a été mis en évidence pour la première fois en 1958 chez un singe infecté, ce qui a donné son nom initial, bien que le singe, comme l’être humain, ne soit qu’un hôte accidentel. Le premier cas décrit chez l’être humain l’a été en 1970 chez un enfant en République démocratique du Congo (RDC). En Afrique sub-saharienne, il y a régulièrement des cas confirmés et des épidémies. Le contact avec le milieu naturel est un facteur de risque.

Depuis 10 ans, le nombre de cas ne cesse d’augmenter en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest, avec une dynamique plus importante depuis les épidémies en RDC et au Nigeria en 2015-18 et au niveau mondial depuis 2022 (clade 2b) et l’émergence d’un nouveau clade (clade 1b) dans l’est de la RDC en 2024, ce qui a mené l’OMS à déclarer l’urgence de santé publique de portée internationale (USPPI), une première fois le 23 juillet 2022, puis récemment le 14 août 2024.

En juillet 2022, l’USPPI avait été déclarée lors de la mise en évidence d’une épidémie mondiale de mpox, d’un nouveau clade, le clade 2b, qui touche principalement les hommes qui déclarent avoir des rapports sexuels avec des hommes et/ou de multiples partenaires sexuels. Cette épidémie a pu être contrôlée par la vaccination et des mesures de santé publique en dehors des zones d'endémie, mais le virus continue de circuler à bas bruit au niveau mondial.

L’USPPI du 14 août 2024 est en lien avec l’émergence du nouveau clade 1b, sa propagation rapide dans l’Est de la RDC avec des cas reportés dans les pays avoisinants (Burundi, Rwanda, Uganda et Kenya) et l’augmentation du nombre de cas cliniques dans les régions endémiques de la RDC (clade 1a).

Actuellement, trois souches majeures du virus circulent :

  • Clade 1a : en Afrique centrale 
  • Clade 1b :  à l’est de la RDC et dans les pays avoisinants (Uganda, Kenya, Burundi et Rwanda)
  • Clade 2 : Afrique de l’Ouest (s’est diffusé à l’échelle mondiale en 2022-2023)

Le virus se transmet par contact direct avec des peaux lésées ou des sécrétions de personnes ou d’animaux infectés. La transmission a principalement lieu par :

  • Voie zoonotique (notamment clade 1a)
  • Contact proche prolongé sexuel ou non sexuel (principalement clade 1b et clade 2b)
  • Transmission lors de la grossesse de la mère à l’enfant (avec risque important de mortalité pour le fœtus).

Des transmissions par contact avec des objets infectés (par exemple le linge de maison) sont possibles, ainsi qu’une transmission par gouttelettes de salive infectée en cas de contact prolongé face à face ou via les lésions oropharyngées. À noter qu’il n’y a pas à l’heure actuelle de données épidémiologiques soutenant une transmission du virus par voie respiratoire à large échelle.

Par précaution, les mesures de protection sont les mesures RESPIRATOIRE et CONTACT PLUS (voir mesures vigigerme).

Clinique

Voir le document « Définition de cas ».

Après une période d’incubation d’une à deux semaines (21 jours au maximum), le virus cause habituellement un état fébrile, avec des adénopathies (cervicales, inguinales), suivi dans les 1-2 jours d’une éruption cutanée et/ou muqueuse d’abord maculaire puis évoluant en vésicules/pustules dans la bouche, sur la face, le tronc puis vers les extrémités (incluant les paumes des mains et plantes des pieds). Les pustules deviennent par la suite ombiliquées jusqu’à l’apparition d’une croûte. La cicatrisation sera considérée complète après la chute de la croûte et l’apparition d’une nouvelle peau saine qui coïncide avec la fin de la période de contagiosité de la lésion. Lire« atlas des lésions du mpox».

Le nombre de lésions peut être très variable, comme la distribution sur le corps (parfois éruption disséminée ou, en cas de contact sexuel notamment, limitée aux organes génitaux). Les lésions guérissent habituellement spontanément en deux à trois semaines.

Les principales complications sont les surinfections bactériennes (cutanées, ORL, sepsis, etc.), la mort fœtale in utero ou avortement spontané chez la femme enceinte, plus rarement des formes disséminées avec atteinte pulmonaire, oculaire ou cérébrale et complications locales selon la localisation des lésions. Les personnes immunodéprimées et les jeunes enfants sont plus à risque de développer des formes sévères de la maladie.

Une personne infectée est contagieuse dès l’apparition des premiers symptômes et jusqu’à la fin de l’éruption cutanée, c’est-à-dire jusqu’à ce que les dernières croûtes sur la peau soient tombées.

Diagnostic

En cas de suspicion, le Centre de référence des infections virales émergentes (CRIVE) dispose d’une PCR permettant de faire le diagnostic (frottis des lésions cutanées envoyé au laboratoire dans un milieu de transport viral). Pour nous envoyer un échantillon, veuillez suivre les instructions ICI. Par ailleurs, un frottis de gorge peut être réalisé chez les patientes et patients suspects avant l’apparition des lésions. 

Les envois se font au CRIVE en catégorie B UN 3373 pour les suspicions et les confirmations.

Depuis le 1er mars 2023, la PCR pour le mpox est facturée et prise en charge par l’assurance obligatoire des soins. La participation aux coûts, la franchise et la quote-part s'appliquent.

Il n’existe pas de sérologie disponible en routine.

En cas de besoin, vous pouvez contacter la consultation des maladies infectieuses au 022 372 98 03 (ce numéro est exclusivement réservé aux professionnelles et professionnels de la santé, du lundi au vendredi de 8h30 à 18h30) en cas de suspicion. La hotline de l’Unité VIH (079 553 46 56) est référente pour toute la patientèle suivie dans l’unité, que ce soit pour une infection par le VIH, ou par une prise de PreP. En dehors de ces heures, vous pouvez contacter la centrale des HUG (022 372 33 11).

En cas de confirmation du diagnostic, la maladie doit faire l'objet d’une  déclaration obligatoire dans les 24h auprès du médecin cantonal (pour Genève: mc-ge@hin.ch) et de l’Office fédéral de la santé publique, à la fois par la clinicienne ou le clinicien et le laboratoire.

Traitement

La plupart des infections guérissent spontanément. Il n'y a donc en général pas besoin de traitement spécifique. Le traitement consiste à soulager les symptômes et prévenir les complications (surinfection bactérienne).

Plusieurs antiviraux ont montré un effet in vitro ou in vivo chez des animaux infectés contre le virus de mpox (lire revue ici)

Il existe peu de données chez l’être humain.
Les HUG participent à une étude internationale randomisée contrôlée en double aveugle testant un antiviral, le tecovirimat, dans le traitement de l’infection à mpox  (UNITY).

Le tecovirimat est également accessible en dehors de cette étude pour les personnes présentant une maladie sévère ou à risque de maladie sévère.

En RDC, les premiers résultats d’un essai clinique testant le tecovirimat n’ont pas permis de montrer que le traitement diminuait le temps de guérison des lésions cutanées et/ou des muqueuses. Cependant, compte tenu des différences entre les populations touchées par les deux clades, avec des formes cliniques et un environnement et un milieu de soin différents, l’étude UNITY continue en Argentine, au Brésil et en Suisse de même qu’une étude similaire, l’étude STOMP, aux Etats Unis.

La Société suisse d’infectiologie (SSI), en collaboration avec la Commission fédérale pour les questions liées aux infections sexuellement transmissibles  élabore des recommandations de prise en charge,qui seront régulièrement mises à jour. Au 20 août 2024, le traitement devrait être proposé :

  • Aux patientes et patients à haut risque de développé une maladie sévère : personnes immunosupprimées, femmes enceintes et enfants de moins de 8 ans.
  • Patientes et patients avec une maladie sévère (plus de 100 lésions) ou très sévère (plus de 250 lésions) ou avec une incapacité fonctionnelle.
  • Patientes et patientes hospitalisés avec une dysfonction d’organe (encéphalite, myocardite, sepsis, lésions hémorragiques, etc.).

Voir document « Critères pour recevoir un traitement par tecovirimat soit dans le cadre du bras ouvert de l’étude UNITY, soit en accès compassionnel hors de l’étude ».

Vaccination

Le vaccin disponible (Jynneos® manufacture Bavarian Nordic) est un vaccin vivant non réplicatif de troisième génération, développé à partir de MVA-BN (Modified Vaccinia Ankara - Bavarian Nordic).  Il a été initialement développé pour lutter contre la variole humaine et il offre une protection croisée contre le mpox. Les études montrent un meilleur profil de tolérance et moins d'effets secondaires que les vaccins antivarioliques de première et deuxième génération. Il est considéré comme très efficace pour prévenir les formes graves de mpox, mais pas nécessairement l'infection symptomatique.

Le virus de la variole humaine a été éradiqué de la planète en début des années 1980. En Suisse, les personnes nées avant 1972 ont été vaccinées contre la variole humaine avec un vaccin de la génération précédente au vaccin actuel Jynneos®.

La vaccination avec Jynneos® consiste en deux doses à un mois d’intervalle, avec un rappel après deux ans. Le vaccin a été approuvé par Swissmedic en mars 2024.

Le groupe d’expert Suisse en médecine des voyages recommande la vaccination contre le mpox dans les situations suivantes (état au 16 août 2024, sera régulièrement mise à jour) :

Personnes voyageant dans l’Est de la République démocratique du Congo et au Burundi en cas de :

  • Travail en milieu de soins ou en laboratoire
  • Travail avec des animaux
  • Contacts sexuels ou autres contacts physiques étroits planifiés

Personnes séjournant ou voyageant dans le monde entier en cas de :

La vaccination n’est pas recommandée pour les personnes sans facteurs de risque en Suisse, ni pour les personnes voyageant dans d’autres zones du globe (y compris dans les pays d’Afrique subsaharienne).

Une autre indication à la vaccination est l’exposition à une personne infectée dans le cadre professionnel ou personnel (prophylaxie post-expositionnelle).

En cas de contact à risque dans le cadre professionnel aux HUG, contacter le Service de santé au travail.

Lieux de vaccination :

  • Pour les personnes ayant un réseau sexuel dense, telles que les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les personnes transgenres qui ont des partenaires sexuels masculins et en changent régulièrement pour des personnes à risque d'exposition sexuelle en zones endémiques ou épidémiques.
  • Service des maladies infectieuses
    Bâtiment Morier, 2e étage
    Hôpitaux universitaires de Genève
    Rue Gabrielle-Perret-Gentil 6
    1205 Genève

    Tél. : 022 372 96 17
    Mail : infectiologie.ambulatoire@hcuge.ch

  • Pour les personnes à risque dans leur milieu professionnel et celles voyageant dans une région à haut risque ou avec potentielle promiscuité sexuelle :
  • Service de médecine tropicale et humanitaire
    Hôpitaux universitaires de Genève
    Bâtiment Morier, 3e étage
    Rue Gabrielle-Perret-Gentil 6
    1205 Genève 

    Tél. : 022 372 96 15
    Mail : info.medint@hug.ch

Dernière mise à jour le 11.09.2024

Dernière mise à jour : 11/09/2024