Selon le type de chimiothérapie, divers effets secondaires peuvent survenir. Cela est dû au fait que la chimiothérapie affecte aussi les cellules saines.
VRAI OU FAUX
« Si les effets secondaires sont nombreux, c’est que le traitement marche ».
Faux. En général, il n'y a aucun lien entre l’effet du médicament sur la maladie de votre enfant et les effets secondaires éventuels.
La survenue des effets secondaires est très variable en fonction des personnes. Ils peuvent se manifester à l’hôpital mais aussi au domicile. Dès l’apparition d’un signe inhabituel, n’hésitez pas à en parler avec l’oncologue qui suit votre enfant.
Les troubles digestifs
- Des nausées ou des vomissements sont désagréables et malheureusement fréquents, ils peuvent aussi réapparaître à la maison. Votre enfant reçoit un traitement préventif antiémétique.
Si les vomissements persistent plus de 24h, prenez contact avec l'unité d'onco-hématologie car la pose d’une perfusion peut s’avérer nécessaire. - La constipation est parfois liée à certains traitements comme la Vincristine. Elle peut être favorisée par l’alitement et aussi par certains médicaments antidouleur (morphine et ses dérivés). Elle se définit comme une difficulté d’aller à selle, pendant trois jours ou plus, et par l’émission de selles dures. Des conseils diététiques sont présentés dans la page Comment aider votre enfant ?
Pour améliorer le transit le médecin prescrit, si besoin, des laxatifs mais les suppositoires ou des micro lavements sont proscrits. Les substances irritantes pour les intestins sont interdites. N’hésitez pas à contacter la diététicienne pour plus de conseils. - L’inflammation des muqueuses (mucite), en particulier de la bouche, est due à certains médicaments. Dans ce cas prenez contact avec l’équipe médicale afin de débuter un traitement antalgique et éventuellement antibiotique. Si la mucite gêne l’alimentation de l’enfant, une hospitalisation peut être envisagée.
Les soins de bouche sont recommandés 4 fois par jour avec une solution adaptée à sa sévérité. En cas d’aplasie, le lavage des dents avec une brosse douce et les soins de bouche avec une solution de rinçage préconisée pour prévenir les infections sont essentiels. - Les diarrhées sont aussi un effet secondaire fréquent des chimiothérapies en raison de l’atteinte des muqueuses digestives. Des conseils diététiques sont présentés dans la page L'élimination des fluides corporels.
Si votre enfant est déshydraté (urines foncées, bouche sèche, yeux cernés) ou si les diarrhées persistent (plus de six selles liquides par jour), contactez l’hôpital car votre enfant doit être examiné rapidement et, si besoin, éventuellement mis sous perfusion.
La fatigue
Bon nombre d’enfants atteints d’un cancer sont fatigués pendant leur traitement. Spontanément, ils diminuent leurs activités physiques. Cette sensation de fatigue peut s’exprimer aussi par de la faiblesse ou de la tristesse. De nombreux facteurs sont source de fatigue : le traitement, la baisse éventuelle des globules rouges, une alimentation insuffisante, la fièvre, la douleur, le manque de sommeil, ou un sommeil de mauvaise qualité, des difficultés d’endormissement, le souci ou parfois l’envie de trop en faire.
La perte des cheveux
La perte partielle ou totale des cheveux (alopécie) est un effet secondaire très fréquent de la chimiothérapie. Dans certains cas, les cils, les sourcils, les poils pubiens, les poils sous les aisselles ainsi que les poils des bras et des jambes tombent également. La perte des cheveux varie d’une personne à l’autre. Elle n’apparaît pas immédiatement au début du traitement mais après 2 à 4 semaines. De même, les cheveux repoussent en général 2 à 4 semaines après l’arrêt du traitement. Les nouveaux cheveux peuvent être de couleur et de texture différentes.
CHECK-LIST
La perte des cheveux génère souvent une anxiété chez l’enfant. Vous pouvez l’anticiper de la façon suivante :
- expliquez à votre enfant le caractère provisoire de cet effet secondaire
- suggérez-lui, avant le traitement, des coupes de cheveux par étapes pour l’habituer. Toutefois, certains préfèrent se raser la tête pour éviter la chute progressive.
- proposez-lui le port de foulards, casquettes, chapeaux ou perruques en attendant la repousse. Chaque enfant trouve son style.
- n’hésitez pas à demander le soutien d’une infirmière pour aborder ce sujet si besoin.
L’équipe soignante vous communiquera des adresses de perruquier. L'assurance invalidité rembourse les perruques. Une styliste propose des bandanas personnalisés, parlez-en avec l’infirmière.
Les ongles fragiles
Les ongles deviennent cassants et fragiles pendant les traitements de chimiothérapie. Des conseils sont présentés dans la page L'hygiène corporelle à l'hôpital.
Les modifications des composants du sang
La chimiothérapie agit aussi sur la moelle osseuse qui produit les différentes cellules sanguines. Elle provoque une baisse de la production et de la concentration sanguine des globules rouges (anémie), des plaquettes (thrombopénie) et des globules blancs (neutropénie).
- L’anémie est une diminution du nombre de globules rouges dans le sang (baisse du taux d’hémoglobine) qui amènent l’oxygène aux organes. Elle se traduit par une pâleur, une fatigue, un essoufflement et nécessite parfois une transfusion de globules rouges.
Si l’anémie est importante (taux d’hémoglobine<70-80g/l) ou si elle entraine une fatigue ou un essoufflement inconfortables, des transfusions de globules rouges peuvent être indispensables. Elles seront répétées jusqu’à ce que votre enfant puisse fabriquer ses globules rouges en quantité suffisante.
- La thrombopénie est une baisse des plaquettes, qui jouent un rôle essentiel dans la coagulation. Elle peut se manifester par des petites tâches rouges sur la peau (pétéchies), un saignement de nez (épistaxis), un saignement au niveau des gencives ou la présence de sang dans les urines.
+ INFO
En cas de saignement de nez, mettez votre enfant assis tête droite et appuyez sur la partie molle du nez juste en dessous de l’arête en pinçant cette zone entre votre pouce et votre index. Maintenez la pression pendant 10 minutes.
Si le saignement persiste ou en cas de petites taches rouges sur la peau appelez l’unité d’onco-hématologie.
Il est nécessaire d’effectuer une transfusion de plaquettes si :
- l'enfant présente un saignement actif (qui ne se s'arrête pas spontanément)
- les plaquettes sont entre 10 et 20g/l car il existe un risque d’hémorragie spontanée
- les plaquettes sont<50g/l (50 000/mm3 ) et si un geste tel que la mise en place d’un cathéter ou une fibroscopie est indiqué. Il existe alors un risque d’hémorragie provoquée.
+ INFO
Si l'enfant n'a pas de fièvre et est en bon état général, les critères de transfusions sont les suivants :
- pour les globules rouges si le taux d’hémoglobine est < 70-80g/l d’hémoglobine
- pour les plaquettes, si le taux de plaquettes est < 10-20g/l plaquettes (10000-20000/mm3 ) ou < 50g/l (50000/mm3 ) plaquettes dans certaines circonstances.
Les transfusions seront répétées jusqu’à ce que votre enfant puisse fabriquer ses plaquettes en quantité suffisante.
Les transfusions de plaquettes et/ou de globules rouges sont réalisées en respectant toutes les procédures légales garantissant une sécurité et une efficacité maximales. Ce sont des actes médicaux non dénués de risques, en particulier en cas de transmission d’un germe encore inconnu. C’est pourquoi de nombreuses précautions entourent l’acte transfusionnel permettant une sélection rigoureuse des produits sanguins.
- La neutropénie désigne la diminution des globules blancs ce qui augmente le risque infectieux. Ce risque est significatif lorsque le nombre d’une catégorie des globules blancs (les polynucléaires neutrophiles) est<500g/l: on parle alors d’aplasie. Il convient dans ce cas de surveiller la température de votre enfant 3 fois par jour sous les aisselles (en axillaire - ajoutez 0.5°C au chiffre indiqué par le thermomètre pour calculer la température).
Au cours du traitement, le médecin peut prescrire à votre enfant un facteur de croissance des polynucléaires neutrophiles pour réduire la période de neutropénie. Ce médicament s’administre à l’hôpital ou à domicile une fois par jour et de préférence en sous-cutané après la pose d’une crème anesthésiante.
ATTENTION
La fièvre est définie selon les critères suivants :
≥ 38,5°C une seule fois
≥ 38°C deux fois à 1 heure d’intervalle.
En cas de fièvre sans aplasie, appelez l’unité d'oncohématologie qui vous indiquera la marche à suivre. En cas de fièvre avec aplasie, appelez aussi l’unité et amenez votre enfant aux urgences de la pédiatrie.
La diminution des défenses immunitaires
Indépendamment du nombre de globules blancs, la chimiothérapie diminue les défenses contre les infections. Votre enfant est particulièrement sujet à certaines maladies causées par des virus ou parasites.
En l’absence de prévention, il risque de développer une pneumonie à un germe habituellement peu dangereux (pneumocystis jirovecii) mais qui le devient lorsque le système immunitaire est affaibli. C’est pourquoi votre enfant reçoit un traitement préventif par le Bactrim® trois fois par semaine, le lundi, mercredi et vendredi.
Ce traitement par Bactrim® ne doit pas être interrompu sauf sur indication médicale.
De même, si votre enfant venait a contracter la varicelle, ceci serait particulièrement grave dans sa situation. Il est donc important d’éviter tout contact direct avec des personnes atteintes.
Si un contact a eu lieu avec une personne atteinte de varicelle, informez-en immédiatement l’équipe médicale afin de mettre en place un traitement adéquat.
+ INFO
Dans le cas où votre enfant n’a pas eu la varicelle, suite à un contact avec une personne atteinte , et après vérification par des tests sanguins, il doit recevoir impérativement dans les 48 heures des anticorps antivaricelle. Si malgré ces précautions votre enfant développe la varicelle ou un zona, il convient de l’hospitaliser pour lui administrer un traitement antiviral.
La fragilité de la peau et une sensibilité accrue au soleil
Avec les traitements, la peau devient plus fragile.
En cas de blessure superficielle, désinfectez soigneusement la plaie avec la chlorexidine® aqueuse tous les jours jusqu’à la cicatrisation complète.
La peau est aussi plus sensible aux agressions du soleil (photosensibilisation). Les précautions à prendre sont décrites dans la page L'hygiène corporelle à l'hôpital.
Les effets secondaires d’un traitement par corticoïdes
En fonction des cas, ces médicaments sont prescrits pour quelques jours ou pour une période plus longue et doivent être pris de préférence au milieu du repas. Ils peuvent provoquer certains effets secondaires: maux d’estomac, œdèmes, modification du comportement, difficultés d’endormissement et une augmentation de l’appétit occasionnant une prise de poids.
Des conseils vous sont donnés dans la page Comment aider votre enfant ? A la fin de la corticothérapie, votre enfant retrouvera son poids et son humeur (caractère) habituels.