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Vidéos d'information sur le Covid-19 : nos experts répondent à vos questions
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Comment réagissent les poumons face au Coronavirus de la maladie Covid-19 ?
Nous n’avons pas de traitement. Les poumons réagissent donc à ce microbe extérieur avec les moyens de défense habituels du corps humain. En effet, nous bénéficions tous d’une capacité de défense innée qui est prête à se défendre contre toute agression externe. Ce virus étant ainsi un agent extérieur, le corps le détecte comme une agression et met en route toutes les défenses habituelles, en le ciblant.
Tout un chacun respire 12, 13 voire 14 fois par minute, permettant au virus de s’insérer par les voies aériennes. Arrivé au contact des cellules du poumon, il va s’accrocher à elles, les envahir et provoquer une inflammation très importante et probablement démesurée, d’autant plus que ce virus est capable d’endormir les défenses du corps. À son tour, ce dernier va donc surréagir en les augmentant. L’inflammation ainsi initiée va se traduire au niveau pulmonaire par l’apparition d’eau dans un espace aérien qui normalement est dévolu à faire transiter le gaz et l’oxygène dont on a besoin. Du moment qu’il est inondé, le poumon va cesser de fonctionner.
Ce virus peut se restreindre à des symptômes très simples, comme ceux d’un rhume banal. Par contre, à l’autre extrême, il peut déclencher une insuffisance respiratoire terrible, que l’on nomme alors une détresse respiratoire. Dans une telle situation, un soutien pour sa ventilation et son oxygénation en milieu intensif s’avère alors indispensable.
Nous possédons tous des capacités de réaction différentes : les personnes qui ont des maladies chroniques et/ou des systèmes immunitaires affaiblis, quel qu’en soit la raison, un grand âge pouvant déjà s’avérer une raison suffisante, éprouveront beaucoup plus de peine à se défendre face à un virus.
Pre Paola Gasche, cheffe du Service de pneumologie
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Comment différencier ce virus d'autres maladies, comme la bronchite, le rhume, la grippe ?
Le virus cause justement ces syndromes-là : bronchite, rhume et état grippal. Il n’est donc pas possible, sur cette base, de faire la distinction entre un cas de Covid-19 et d’un autre virus respiratoire. On est obligé de passer par un test très spécifique pour avoir une réponse.
Dr Manuel Schibler, infectiologue et virologue
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Que faire en cas de contact étroit avec une personne positive au Covid-19 ?
C'est difficile. L'idée, c'est d'éviter de s'infecter, donc de respecter une distance par rapport à cette personne, d'éviter les contacts directs, d'appliquer les mesures de base, surtout l'hygiène des mains, de manière répétée pour éviter l'infection. En cas de déclaration de symptômes qui peuvent être compatibles avec un Covid-19, même léger, il s'agira alors de se faire tester le plus vite possible.
Dr Manuel Schibler, infectiologue et virologue
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Une personne sans symptôme peut-elle transmettre le virus ?
Dr Frédérique Jacquérioz Bausch, Service des maladies infectieuses
Oui, c’est bien la difficulté avec ce virus, les gens peuvent ne pas présenter de symptôme, avoir très peu de symptômes, beaucoup de symptômes ou jusqu’à des formes très très grave. Certaines personnes ayant peu ou pas de symptôme, vont continuer leur vie sociale, pensant ne pas être infecté et c’est vraiment la grande difficulté avec ce virus, il y a énormément de transmissions qui se passent dans la société parce que les gens ne se sentent pas spécifiquement ou spécialement malades avec cette infection. »
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Peut-on être infecté du Covid-19 à cause d'une plaie ?
Bien que nous manquions de données, cela semble très peu vraisemblable puisque le virus est principalement respiratoire. Il a besoin des cellules spécifiques du système respiratoire pour pouvoir infecter. Une contamination par le sang est donc vraisemblablement à écarter.
Dr Manuel Schibler, infectiologue et virologue
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Combien de temps ce virus peut-il survivre sur les surfaces ?
Cela dépend de beaucoup de facteurs, notamment l’humidité et la température. Ce qu’il faut retenir, c’est que le virus reste somme toute relativement fragile et qu’il ne reste viable que quelques heures sur des surfaces inanimées.
Dr Manuel Schibler, infectiologue et virologue
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Qu’est-ce qu’une personne vulnérable ou à risque ?
Dr Frédérique Jacquérioz Bausch, Service des maladies infectieuses
« Une personne vulnérable ou à risque est une personne qui pourrait développer des complications si elle est infectée par le coronavirus ; c’est souvent des gens dans certaines conditions : des maladies chroniques ou des immunosuppressions soit par des médicaments, soit par des maladies de base. C’est ce type de personne qui peut développer des complications plus graves dues à la maladie. »
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Les personnes greffées font-elles partie des groupes à risque ?
La question est intéressante puisque les personnes greffées ont un système immunitaire affaibli en raison du traitement antirejet qu’elles doivent prendre tous les jours. On pourrait donc les imaginer plus fragiles et vulnérables mais, d’un autre côté, la pratique a révélé des cas de patients greffés infectés dont les maladies ont été plutôt légères. Il est donc encore trop tôt pour pouvoir s’exprimer et affirmer quoi que ce soit. Il est probable qu’il existe divers types d’immunosuppressions ou divers types de faiblesses immunitaires susceptibles de dresser des tableaux différents. C’est une question qui continue d’être étudiée en ce moment…
Dr Manuel Schibler, infectiologue et virologue
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Les personnes souffrant d'hypertension doivent-elles arrêter leur traitement ?
Il y a eu un vent de panique, parce que l’une des classes les plus valorisées pour traiter l’hypertension artérielle, la classe qu’on appelle « bloqueurs du système rénine », a été incriminée parce que ses médicaments ont un système d’enzyme qui est le même que celui qui fait entrer le virus dans les cellules du patient infecté. Cela s’est répandu à toute vitesse sur les réseaux sociaux et on a eu un nombre incalculable de demandes pour savoir s’il fallait arrêter le traitement ou non. La réponse est non, il ne faut pas arrêter ces traitements, car on n’a pas de preuves solides. Ce sont des modèles animaux qui disent tout autant que ces médicaments sont protecteurs contre ce virus ou qu’ils sont, au contraire, facilitateurs. À l’heure actuelle et compte tenu des données actuelles, on recommande de garder le traitement tel qu’il a été prescrit et de ne pas le changer.
Pre Antoinette Péchère, Service de néphrologie et hypertension des HUG
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Une personne avec un traitement contre l'hypertension doit-elle prendre des précautions ?
Elle doit se protéger comme les autres. Si c’est une jeune personne, elle doit faire tout aussi bien que les autres, mais pas plus. Si c’est une personne hypertendue, qui est âgée, qui a un diabète, etc., elle est plus à risque, mais que peut-elle faire de plus que d’appliquer les recommandations ? On ne va pas forcément lui demander de se cloîtrer à la maison en auto-quarantaine, mais d'appliquer la prévention rigoureuse telle qu’on la préconise.
Pre Antoinette Péchère, Service de néphrologie et hypertension des HUG
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Les personnes souffrant d'hypertension sont-elles vulnérables?
Je pense que c’est juste, mais cela n’a pas été nuancé. L’OFSP a même cité cela deux fois. Il y a eu un amalgame, parce que tout le monde a cru que l’hypertension artérielle – par exemple chez un jeune, quand elle est bien contrôlée avec un seul médicament- mettait les patients à risque de contracter une infection par SARS-CoV-2. En fait, ce n’est pas exactement ça. C’est un facteur de risque pour les Covid+ qui sont diagnostiqués et qui sont déjà en soins intensifs. Là, c’est associé à un mauvais pronostic, à une mortalité augmentée, à un devenir pulmonaire moins bon.
Pre Antoinette Péchère, Service de néphrologie et hypertension des HUG
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Si j'ai du diabète, comment dois-je réagir en cas de symptômes grippaux ?
Lorsque l’on présente une infection, le diabète se dérègle et les glycémies ont tendance à augmenter. C’est donc pour cela que l’on va vous demander de faire des glycémies beaucoup plus souvent, afin que l’on puisse y répondre de manière adéquate.
En cas d’infection, il est très important de bien s’hydrater. Si vous avez perdu la fin et que vous mangez moins souvent, vous encourez également le risque de vous retrouver en hypoglycémie. Dans ces circonstances, on vous recommande d’avoir toujours à portée de main assez de glucides, comme des jus de fruit, du sucre de raisin ou du miel, ceux-ci s’absorbant très vite en cas d’hypoglycémie.
Si vous êtes perdus, n’hésitez pas à téléphoner à votre référent médical. Ayez également vos informations à portée de main, c’est-à-dire de quoi mesurer votre glycémie et éventuellement votre taux d’acétone. Pensez à avoir assez de matériel en réserve pour au moins deux semaines : autant les médicaments et l’insuline que tout le matériel pour se l’injecter, à savoir les seringues, les pompes, les réservoirs, etc…
N’oubliez pas que l’infection est pulmonaire. Donc, si vous éprouvez de la peine à respirer, il faut sans plus tarder appeler le 144.
Montserrat Castellsague, infirmière spécialiste clinique en diabétologie
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Les personnes avec un diabète sucré font-elles parties des groupes à risque ?
Se poser la question de savoir si souffrir de diabète implique de faire partie des groupes vulnérables, nous montre à quel point gérer une maladie chronique peut être difficile. En effet, la gestion d’une maladie chronique comme le diabète nécessite pour chaque personne une charge mentale conséquente, comme par exemple le fait de penser tous les jours à prendre son traitement, vérifier les glycémies ou associer les symptômes présentés avec son diabète ou toute autre chose. Les personnes qui ont du diabète sont inquiètes parce qu’elles ont découvert avec effroi qu’elles faisaient partie de la liste des personnes vulnérables, au même titre que celles qui ont plus de 65 ans, de l’hypertension artérielle, des maladies cardiovasculaires, des maladies oncologiques ou un système immunitaire défaillant, qui sont des personnes vulnérables. Bien que les données soient faibles et limitées, nous pouvons dire qu’une personne âgée de plus de 65 ans souffrant de diabète associé à d’autres maladies (par exemple un infarctus ou une maladie pulmonaire) présente le risque d’une infection sévère touchant les poumons nécessitant de l’oxygène ou des soins intensifs.
Dr Giacomo Gastaldi, diabétologue
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Comment ce nouveau coronavirus peut-il être inactivé ?
Dr Frédérique Jacquérioz Bausch, Service des maladies infectieuses
« Lorsqu’il est hors du corps humain, par exemple sur des surfaces, c’est un virus qui ne va pas pouvoir survivre longtemps. N’importe quel produit détergeant va dénaturer le virus et il ne sera plus infectieux pour les autres qui vont toucher ces surfaces. »
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Que sait-on de la résistance du virus au contact de la chaleur et des UVs ?
Le virus est sensible à la chaleur car il est un virus dit « enveloppé », que l’on distingue des virus « non-enveloppés ». Ces derniers sont composés d’une coque de protéine les rendant plus résistants. En résumé, le coronavirus est enveloppé, il est plus ou moins fragile et ne résiste pas à la chaleur. Par ailleurs, on sait qu’après une exposition de quelques minutes à 60° Celsius, le virus est détruit. Le constat est le même en ce qui concerne les ultraviolets, que les virus et les micro-organismes n’apprécient généralement pas et qui les détruisent.
Dr Manuel Schibler, infectiologue et virologue
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Comment le coronavirus Covid-19 réagit-il à la chaleur ou à l’humidité ?
Dans l’état actuel des connaissances, on ne peut pas vraiment répondre avec précision à cette question. Toutefois, il semblerait qu’avec le virus de la grippe, qui est somme toute assez différent du Covid-19, les climats froids et secs favorisent sa propagation. On peut néanmoins tout à fait imaginer qu’un virus respiratoire, comme le Covid-19, préfère un environnement humide pour survivre un certain temps. En conclusion, aucune réponse précise de ne peut être fournie à cette question.
Dr Manuel Schibler, infectiologue et virologue
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Qu'est-ce qu'un Coronavirus?
Les coronavirus sont des virus respiratoires. On en connaît plusieurs et la majorité de ceux qui circulent sont responsables d’infections des voies respiratoires supérieures. Ils en sont d’ailleurs la deuxième cause principale.
Dre Pauline Vetter, Service des maladies infectieuses
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Quelle est la durée d'incubation de ce virus ?
La durée d’incubation de ce nouveau coronavirus demeure à ce jour incertaine. La définition large va jusqu’à 14 jours mais, en moyenne, elle est beaucoup plus courte puisqu’elle s’établit plutôt autour de 3 à 6 jours.
Dr Manuel Schibler, infectiologue et virologue
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Quelle est l’utilité des tests sérologiques ?
Le test sérologique est une manière indirecte de regarder votre réponse immunitaire lorsque vous avez été infectés. Lorsque vous avez été en contact avec un virus, vous développez une réponse immune et en particulier des anticorps. C'est quelque chose qui se fait plutôt à distance de l'événement. Il y a encore pas mal d'incertitudes par rapport à ces tests. D'abord, il faut choisir des tests qui sont validés, sinon il peut y avoir des faux positifs. Et aussi, nous ne sommes pas certains que tout le monde développe des anticorps détectables par ces techniques. Donc, il y a encore pas mal d'incertitudes pour l'interprétation et l'utilisation de ces tests sérologiques.
Dre Frédérique Jacquérioz Bausch, Service des maladies infectieuses
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En quoi consiste le test de sérologie à partir d’une prise de sang ?
Tout d’abord, il faut prendre du sang. Alors qu’on détecte le virus en faisant un frottis nasopharyngé, il s’agit ici de détecter des anticorps. Ces anticorps circulent dans le sang. Après une prise de sang, nous pouvons identifier, grâce à différents processus chimiques, la présence de deux types d’anticorps : ceux qui apparaissent rapidement après une exposition à un virus (anticorps IGM ou IGA lorsque l’on parle de muqueuses) et ceux qui apparaissent plus tard en tant que réponse chronique (anticorps IGG). Dans cette étude de séroprévalence de population au Bus Santé, il s’agit de détecter la présence d’anticorps IGG ou IGM dans le sang des participants qui viennent de la population générale.
Pr Idris Guessous, chef du Service de médecine de premier recours des HUG
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Comment le service de médecine interne générale s'est-il organisé face à l'épidémie ?
On s'est adapté assez rapidement quand les patients sont arrivés, très nombreux comme lors de la première vague. On connaissait le système, on avait quand même un socle, on avait réussi à recruter du personnel médical et du personnel soignant, même si on n'était pas arrivé à 100%. C'est comme ça qu'on a réussi à affronter la montée de cette vague qui était assez raide.
Pr Jean-Luc Reny du Service de médecine aux HUG
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Avez-vous refait appel à du personnel en renfort ?
Comme pour la première vague, on a effectivement réenclenché la solidarité et on avait anticipé cela. Ce qui fait que les mobilisations ont été plus simples. Les gens connaissaient quand même mieux la maladie et on avait amélioré les prises en charge, les procédures. Les recommandations étaient maintenant bien établies, donc les choses se sont, de ce point de vue-là, bien passées.
Pr Jean-Luc Reny du Service de médecine aux HUG
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Le personnel en renfort bénéficie-t-il d'une formation ?
Il y a des efforts très importants de formation. On ne met pas aux soins intermédiaires des collègues d'autres spécialités, parce que cela nécessite des compétences de médecine interne et de médecine aiguë. Mais par contre sur les Unités d'hospitalisation standard, des Unités de médecine et de soins aigus standards, on a des collègues de différentes spécialités: gynécologie, pédiatrie, neurochirurgie, orthopédie… Je vais en oublier. Je ne veux blesser personne, mais c'était effectivement très large. Ils avaient une formation initiale, ils étaient très bien entourés et on a, à nouveau, voulu assurer un mix de représentations de différentes spécialités, avec toujours des internistes aux côtés de membres d'autres spécialités.
Pr Jean-Luc Reny du Service de médecine aux HUG
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Quelles différences entre soins aigus, intermédiaires et intensifs ?
C'est l'intensité de la surveillance et l'intensité des soins que l’on peut prodiguer. Dans des Unités de soins aigus, on essaie de suppléer à toutes les déficiences que l'organisme peut présenter. En premier lieu, le manque d'oxygène, mais avec des apports en oxygène qui sont limités. Et puis aux défaillances d'autres organes, puisqu'on a affaire à des patients âgés qui sont souvent hospitalisés. Donc, on s'occupe des problèmes des différents organes : cœur, reins, foie, hémostase et on gère un ensemble de comorbidités chez des patients atteints du Covid. Aux soins intermédiaires, on augmente ce que l'on peut apporter en termes de l'oxygénothérapie, de thérapies respiratoires. On peut traiter des états plus compliqués au niveau de défaillances d'organes. Et aux soins intensifs, on passe encore un cran, avec, dans la majorité des cas, une intubation orotrachéale et une ventilation assistée, une ventilation mécanique dans des cas d'atteinte extrêmement sévère du poumon.
Pr Jean-Luc Reny du Service de médecine aux HUG
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Quels sont les soins de suivi pour les patients suivis après Covid ?
Les soins de suivi, tout dépend des complications qu'ils ont pu avoir. Il y a des complications spécifiques qui peuvent nécessiter des suivis spécifiques. Par exemple, si un patient a fait un accident vasculaire cérébral, il y aura des soins spécifiques de neurologie et de neuro rééducation. S'il a fait une embolie pulmonaire, il aura peut-être des soins de suivi spécifiques pour la durée de l'anti coagulation avec des angiologues. Et puis, il y a le Covid qui a un parcours simple, qui a eu besoin à un moment donné d'oxygène, peut-être d'autres médicaments, corticothérapie, dans certains cas antibiothérapie, et qui va évoluer naturellement favorablement, mais qui sera déconditionné, c'est à dire qu'il va être en général assez fatigué par cet épisode un peu plus violent qu'une simple virose et qui va devoir se remettre en route. En fonction de sa capacité à gérer cette réadaptation seul, il le fera tout seul à son domicile et avec ses proches. Et s'il est plus âgé, qu’il a besoin de réadaptation, cela peut être une réadaptation spécifique et générale, locomotrice, pour récupérer.
Pr Jean-Luc Reny du Service de médecine aux HUG
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Comment utilisez-vous l'oxygénothérapie pour les patients Covid-19 ?
Il existe différentes façons, quand on est dans une unité d'hospitalisation standard de soins aigus standards. C'est essentiellement par lunettes. Ce sont des petits tuyaux transparents avec deux ouvertures dans les fosses nasales qui délivrent de l'oxygène, en général jusqu'à 6 litres minute. Parce qu'au-delà de 6 litres minute, on ne sait pas exactement ce que l'on délivre. Ensuite, il y a des masques, qui ont différentes concentrations d'oxygène. Tout cela étant en lien avec le débit d'oxygène, on peut augmenter la concentration en oxygène que l’on respire. Au-delà de ça, on rentre dans le domaine des soins intermédiaires avec de l'oxygène à haut débit qui peut atteindre jusqu'à 70 litres. On limite à ça pour éviter des risques de dispersion d'aérosols du virus avec des concentrations en oxygène qui peuvent monter très haut. Et puis, certains masques de ventilation aussi, que l’on utilise aux soins intermédiaires. Après, c'est l'intubation orotrachéale et la ventilation mécanique, avec des procédures bien codifiées pour éviter tout ce qui est traumatisme au niveau des poumons. On a aussi des procédures de mise en décubitus ventral. C'est un mot qu'on utilise techniquement assez souvent, cela signifie que l’on tourne les patients pour les mettre sur le ventre, ce qui peut favoriser la mécanique respiratoire, permettre à toutes les parties du poumon d'être bien ventilées, ventre-dos, ventre-dos.
Pr Jean-Luc Reny du Service de médecine aux HUG
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Quels sont les risques de souffrance psychique pour les patients positifs au Covid ?
Il y a deux phases lorsque l’on apprend qu’on est infectés. Il y a d’abord le stress aigu d’apprendre qu’on est malade. Dans une période qui suit un cas d’hospitalisation, il y a un risque de développer ce qu’on appelle un état de stress aigu. Ensuite, dans les semaines et les mois qui suivent la sortie de l’hôpital, il y a le risque de développer un état de stress post-traumatique.
Pr Guido Bondolfi, chef du Service de psychiatrie de liaison et intervention de crise
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Quels conseils donner aux soignants qui ressentent une fatigue psychologique ?
Il y a différentes choses qui peuvent être prises en compte. La première chose, c’est de pouvoir s’accorder des pauses. La deuxième chose, c’est de prendre soin de soi dans le temps qui le sépare de son activité professionnelle (bien manger, bien dormir, faire des choses tout-à-fait simples…), ce qui n’est pas toujours facile. Puis, dans la mesure du possible et dans le temps qui est réservé en-dehors de l’activité professionnelle, de faire comme ce que l’on faisait avant, de faire ressembler du mieux qu’on peut les journées qu’on vivait avant que cette crise sanitaire intervienne. Enfin, il ne faut surtout pas hésiter à demander de l’aide, d’approcher des psychologues qui sont dans les unités aux HUG, de venir rencontrer un professionnel de la santé mentale à la permanence ou de s’accorder une hypno-pause quand on est à l’hôpital.
Pr Guido Bondolfi, chef du Service de psychiatrie de liaison et intervention de crise
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Qu'est-ce qui vous a le plus surpris dans la réaction des gens face à l'épidémie ?
Ce qui m’a le plus surpris, à titre personnel et en lien avec les partages que j’ai eu autour de moi, ce n’était pas vraiment la perception de l’amplitude du phénomène. Je crois que nous avons tous été, les professionnels de la santé comme la population en général, un peu en décalage par rapport à cette vague qui était en train de nous toucher. Finalement, là réside la mauvaise nouvelle puisqu’il a fallu un certain temps, un délai, pour que l’on prenne pleinement conscience de ce qu’il fallait mettre en place. Au contraire, la bonne nouvelle est qu’une fois que cette conscience a commencé à s’élargir au sein de la population, la réaction de la plupart des personnes a été positive et plutôt correcte. Aujourd’hui, nous assistons à un grand élan de solidarité ainsi qu’une disponibilité à éviter de mettre autrui en danger, tout ça étant plutôt réconfortant.
Pr Guido Bondolfi, chef du Service de psychiatrie de liaison et intervention de crise
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Est-ce que la vaccination contre la rougeole protège du Covid?
Non, la vaccination contre la rougeole ne protège en rien contre une infection au COVID-19. Elle ne joue d’ailleurs aucun rôle particulier dans cette pandémie. Malheureusement, des informations circulant sur internet selon lesquelles certains médecins proposent cette vaccination ont été reprises par les médias, mais elles sont fausses. Il ne sert à rien de se faire vacciner contre la rougeole pour se protéger du COVID-19 ! Néanmoins, tous les enfants et personnes qui n’ont pas encore été vaccinés contre la rougeole doivent l’être. On observe que le taux de vaccination mondial contre la rougeole a fortement diminué et l’on craint une augmentation beaucoup plus importante de cette maladie. Dans le futur, une autre pandémie, celle de la rougeole, pourrait alors voir le jour parce que nous n’avons pas suffisamment vacciné la population contre celle-ci.
Dre Christiane Eberhardt du Centre de vaccinologie des HUG
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Quelles sont les recommandations concernant le vaccin contre la grippe?
La vaccination contre la grippe est recommandée à toute personne au-dessus de 65 ans ou possédant d’autres comorbidités, telles que les maladies cardiaques, les maladies respiratoires ou des déficits immunitaires, ainsi que les personnes vivant auprès de ces dernières. En d’autres termes, elle est recommandée à toute personne désireuse de se protéger, d’autant plus cet hiver où tant la grippe que le COVID-19, dont les symptômes sont semblables, seront présents. Se faire vacciner contre la grippe permettra ainsi de ne pas confondre les symptômes entre ces deux maladies, ce que nous encourageons fortement.
Dre Christiane Eberhardt du Centre de vaccinologie des HUG
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Quelles sont les recommandations concernant le vaccin contre les pneumocoques?
Le vaccin contre les pneumocoques, le Prevenar 13, est à donner aux personnes à risque de développer une maladie grave en cas de contagion aux pneumocoques. Les personnes notamment concernées affichent, par exemple, des maladies chroniques du cœur, des poumons ou des reins, elles sont en attente d’une transplantation ou en ont reçu une, elles présentent des déficits immunitaires comme le VIH ou d’autres déficits ou, tout simplement, ce sont des enfants. À deux mois, pendant l’enfance, trois doses sont injectées. Néanmoins, il faut retenir, et ceci est très important, que le vaccin ne tient pas de rôle dans la prévention du COVID-19. Par contre, tous ceux affichant des facteurs de risque doivent recevoir une dose de Prevenar 13 au moins une fois dans leur vie. Il est donc primordial de contrôler que ces personnes l’aient bien reçue, en vue du risque d’infections à la grippe à venir et aux pneumocoques chez les mères.
Dre Christiane Eberhardt du Centre de vaccinologie des HUG
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Est-ce que la vaccination contre la tuberculose protège du covid?
Non. Il faut être très clair et, malheureusement, les données circulant sur internet de publications non-approuvées par le corps scientifique sont erronées et il faut s’en méfier. L’idée que les populations vaccinées contre le BCG (tuberculose) présenteraient moins de cas de contamination au COVID-19 est fausse. Actuellement, des études scientifiques et rigoureuses sont menées mais aucun résultat significatif n’en est encore ressorti. Dans l’état actuel des choses, nous n’en savons donc pas plus et il n’existe ainsi aucune indication concernant la vaccination contre la tuberculose dans notre population. Ce vaccin doit être réservé aux pays dont les enfants sont à risque de développer une tuberculose et pour lesquels il faut administrer une dose de prévention. Je le rappelle donc, le vaccin contre la tuberculose n’a aucun rôle à jouer vis-à-vis du COVID-19.
Dre Christiane Eberhardt du Centre de vaccinologie des HUG
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Quels sont les soins apportés aux patients atteints d’une sténose?
La première partie, c’est généralement d’introduire un médicament pour diminuer la coagulation du sang. Mais il peut également y avoir une approche interventionnelle, donc partir avec des cathéters pour ouvrir l’artère qui s’était rétrécie.
Dr René Nkoulou du Service de cardiologie des HUG
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Qu’est-ce qu’une sténose?
Imaginez que vos membres sont irrigués par des artères. Si vous avez un caillot qui se met dans une artère en amont, elle ne donnera pas assez de sang pour le membre en distalité. Donc ce membre qui manque d’apport en sang peut se nécroser et perdre de sa vitalité.
Dr René Nkoulou du Service de cardiologie des HUG
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Le covid peut-il provoquer un infarctus ou un AVC chez certains patients gravement atteints?
Oui, il y a plusieurs raisons. L’une de ces raisons, c’est que [le Covid] entraîne une inflammation générale qui peut déstabiliser des plaques de cholestérol. Une autre raison, c’est que ça entraîne possiblement une augmentation de l’agrégation des plaquettes, qui peut elle-même entraîner des embolies ou des caillots de sang dans la circulation sanguine.
Dr René Nkoulou du Service de cardiologie des HUG
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Sous quelles formes se présentent les atteintes vasculaires du covid?
On a rencontré des atteintes par des thromboses, mais aussi par des ruptures de plaques de cholestérol qui entraînaient des infarctus ou des thromboses dans des artères des membres.
Dr René Nkoulou du Service de cardiologie des HUG
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Quelles sont les principales complications neurologiques liées à un Covid-19?
Les principales complications neurologiques liées au Covid sévère sont, d'une part les encéphalopathies, c’est un coma, un état confusionnel et des troubles cognitifs. La deuxième complication neurologique chez les Covid sévère, sont des attaques cérébrales et des accidents vasculaires cérébraux, que l’on a retrouvé dans une proportion anormalement élevée chez les patients avec Covid sévère.
Dr Gilles Allali du Service de neurologie des HUG
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Garde-t-on des séquelles d'un AVC dû au Covid-19?
C'est une très bonne question. C'est un travail qui est actuellement en cours. Les AVC observés, dans le cadre du Covid, pour la majorité sont des petits AVC. Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas des gens qui font des grands AVC. Donc, la réponse est simple si vous faites un petit AVC, la probabilité de récupération est importante. Si vous faites un plus gros AVC la probabilité de récupération est moins importante parce qu'on sait que la récupération neurologique dépend d'une part de la taille de l’AVC et d'autre part, de la localisation, où a eu lieu l’AVC.
Dr Gilles Allali du Service de neurologie des HUG