Comment se développe-t-elle?
La pré-éclampsie (appelée aussi gestose ou toxémie gravidique), est une maladie liée à la grossesse dont l’origine reste inconnue et qui touche environ 5% des femmes enceintes. Il semble qu’en début de grossesse le placenta se développe moins bien, en particulier sa vascularisation. Il libère alors des substances irritantes ou toxiques pour l’organisme maternel. Les symptômes apparaissent généralement dans la deuxième moitié de la grossesse (après 20 semaines de gestation). Les premiers signes peuvent également survenir jusqu’à quatre semaines après l’accouchement.
Quels sont les organes touchés?
La pré-éclampsie se caractérise par une élévation de la tension artérielle et la présence de protéines dans les urines, signe d’une atteinte des reins. Dans les cas les plus graves, elle s’étend au foie et au cerveau, et perturbe les composants du sang (globules rouges, les plaquettes, la coagulation). Deux formes particulièrement sévères existent:
- L’éclampsie: Touchant le cerveau, elle se manifeste par la survenue de crises convulsives (comme dans l’épilepsie). Il s’agit d’une urgence médicale, pouvant mettre en jeu le pronostic vital de la mère et du bébé.
- Le syndrome HELLP: (Hemolysis, Elevated Liver enzymes, and Low Platelets). Il désigne l’association d’une hémolyse (destruction des globules rouges), d’une inflammation du foie et d’une diminution du nombre de plaquettes (élément du sang nécessaire à la coagulation). Dans 15-20% des cas, le syndrome HELLP survient sans signe préalable de pré-éclampsie.
Comment se manifeste-t-elle?
Les signes varient d’une femme à l’autre et dépendent de la sévérité de la maladie:
- Un œdème (une rétention d’eau) se manifestant par un gonflement des pieds et des chevilles, des mains ou du visage et une prise de poids rapide.
- Des maux de têtes inhabituels ou persistants.
- Des troubles de la vue à type de flou visuel, «mouches» volantes, flashs lumineux.
- Des douleurs dans la partie supérieure du ventre ou sous les côtes à droite.
- Des nausées et des vomissements.
- Un malaise général.
Les symptômes débutent brutalement et peuvent rapidement s’aggraver.
Quels sont les risques pour le bébé?
Comme le placenta fonctionne moins bien, les apports de nutriments, d’oxygène et l’épuration des toxines ne se font plus correctement. En conséquence, la croissance du bébé est ralentie. On parle alors de retard de croissance intra-utérin (RCIU). Il existe également un risque de prématurité lorsque l’accouchement devient nécessaire avant le terme prévu.
Comment se traite-t-elle?
Le seul traitement est l’accouchement et la délivrance du placenta. Dans certains cas, l’accouchement doit être devancé, soit en déclenchant le travail par des médicaments qui provoquent des contractions, soit par césarienne. Le sulfate de magnésium est utilisé pour prévenir les convulsions (éclampsie). Des médicaments pour faire baisser la tension artérielle sont également prescrits. Ces traitements diminuent le risque de complications, mais ne soignent pas la pré-éclampsie.
En cas de pré-éclampsie précoce (avant 34 semaines de gestation), un traitement à base de corticostéroïdes est donné afin d’accélérer la maturation des poumons du bébé.
Selon la gravité, une hospitalisation à l’unité des soins continus est nécessaire.
L’allaitement est-il possible?
L’allaitement n’est pas contre-indiqué, même dans le cas où un traitement pour l’hypertension artérielle est prescrit. Celui-ci doit toutefois être choisi avec précaution et discuté avec votre médecin.
Quel suivi médical après une pré-éclampsie?
Une consultation médicale six semaines après la pré-éclampsie est indispensable pour s’assurer de votre évolution et, si besoin, adapter le traitement antihypertenseur. Cette consultation est également l’occasion de poser vos questions, de vous aider à comprendre ce qui s’est passé et de faire part de vos inquiétudes à votre médecin. Cette visite peut avoir lieu chez votre obstétricien ou à la consultation post-partum de la pré- éclampsie aux HUG.