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Vidéos d'information sur le Covid-19 : nos experts répondent à vos questions
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Comment le service de médecine interne générale s'est-il organisé face à l'épidémie ?
On s'est adapté assez rapidement quand les patients sont arrivés, très nombreux comme lors de la première vague. On connaissait le système, on avait quand même un socle, on avait réussi à recruter du personnel médical et du personnel soignant, même si on n'était pas arrivé à 100%. C'est comme ça qu'on a réussi à affronter la montée de cette vague qui était assez raide.
Pr Jean-Luc Reny du Service de médecine aux HUG
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Avez-vous refait appel à du personnel en renfort ?
Comme pour la première vague, on a effectivement réenclenché la solidarité et on avait anticipé cela. Ce qui fait que les mobilisations ont été plus simples. Les gens connaissaient quand même mieux la maladie et on avait amélioré les prises en charge, les procédures. Les recommandations étaient maintenant bien établies, donc les choses se sont, de ce point de vue-là, bien passées.
Pr Jean-Luc Reny du Service de médecine aux HUG
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Le personnel en renfort bénéficie-t-il d'une formation ?
Il y a des efforts très importants de formation. On ne met pas aux soins intermédiaires des collègues d'autres spécialités, parce que cela nécessite des compétences de médecine interne et de médecine aiguë. Mais par contre sur les Unités d'hospitalisation standard, des Unités de médecine et de soins aigus standards, on a des collègues de différentes spécialités: gynécologie, pédiatrie, neurochirurgie, orthopédie… Je vais en oublier. Je ne veux blesser personne, mais c'était effectivement très large. Ils avaient une formation initiale, ils étaient très bien entourés et on a, à nouveau, voulu assurer un mix de représentations de différentes spécialités, avec toujours des internistes aux côtés de membres d'autres spécialités.
Pr Jean-Luc Reny du Service de médecine aux HUG
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Quelles différences entre soins aigus, intermédiaires et intensifs ?
C'est l'intensité de la surveillance et l'intensité des soins que l’on peut prodiguer. Dans des Unités de soins aigus, on essaie de suppléer à toutes les déficiences que l'organisme peut présenter. En premier lieu, le manque d'oxygène, mais avec des apports en oxygène qui sont limités. Et puis aux défaillances d'autres organes, puisqu'on a affaire à des patients âgés qui sont souvent hospitalisés. Donc, on s'occupe des problèmes des différents organes : cœur, reins, foie, hémostase et on gère un ensemble de comorbidités chez des patients atteints du Covid. Aux soins intermédiaires, on augmente ce que l'on peut apporter en termes de l'oxygénothérapie, de thérapies respiratoires. On peut traiter des états plus compliqués au niveau de défaillances d'organes. Et aux soins intensifs, on passe encore un cran, avec, dans la majorité des cas, une intubation orotrachéale et une ventilation assistée, une ventilation mécanique dans des cas d'atteinte extrêmement sévère du poumon.
Pr Jean-Luc Reny du Service de médecine aux HUG
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Quels sont les soins de suivi pour les patients suivis après Covid ?
Les soins de suivi, tout dépend des complications qu'ils ont pu avoir. Il y a des complications spécifiques qui peuvent nécessiter des suivis spécifiques. Par exemple, si un patient a fait un accident vasculaire cérébral, il y aura des soins spécifiques de neurologie et de neuro rééducation. S'il a fait une embolie pulmonaire, il aura peut-être des soins de suivi spécifiques pour la durée de l'anti coagulation avec des angiologues. Et puis, il y a le Covid qui a un parcours simple, qui a eu besoin à un moment donné d'oxygène, peut-être d'autres médicaments, corticothérapie, dans certains cas antibiothérapie, et qui va évoluer naturellement favorablement, mais qui sera déconditionné, c'est à dire qu'il va être en général assez fatigué par cet épisode un peu plus violent qu'une simple virose et qui va devoir se remettre en route. En fonction de sa capacité à gérer cette réadaptation seul, il le fera tout seul à son domicile et avec ses proches. Et s'il est plus âgé, qu’il a besoin de réadaptation, cela peut être une réadaptation spécifique et générale, locomotrice, pour récupérer.
Pr Jean-Luc Reny du Service de médecine aux HUG
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Comment utilisez-vous l'oxygénothérapie pour les patients Covid-19 ?
Il existe différentes façons, quand on est dans une unité d'hospitalisation standard de soins aigus standards. C'est essentiellement par lunettes. Ce sont des petits tuyaux transparents avec deux ouvertures dans les fosses nasales qui délivrent de l'oxygène, en général jusqu'à 6 litres minute. Parce qu'au-delà de 6 litres minute, on ne sait pas exactement ce que l'on délivre. Ensuite, il y a des masques, qui ont différentes concentrations d'oxygène. Tout cela étant en lien avec le débit d'oxygène, on peut augmenter la concentration en oxygène que l’on respire. Au-delà de ça, on rentre dans le domaine des soins intermédiaires avec de l'oxygène à haut débit qui peut atteindre jusqu'à 70 litres. On limite à ça pour éviter des risques de dispersion d'aérosols du virus avec des concentrations en oxygène qui peuvent monter très haut. Et puis, certains masques de ventilation aussi, que l’on utilise aux soins intermédiaires. Après, c'est l'intubation orotrachéale et la ventilation mécanique, avec des procédures bien codifiées pour éviter tout ce qui est traumatisme au niveau des poumons. On a aussi des procédures de mise en décubitus ventral. C'est un mot qu'on utilise techniquement assez souvent, cela signifie que l’on tourne les patients pour les mettre sur le ventre, ce qui peut favoriser la mécanique respiratoire, permettre à toutes les parties du poumon d'être bien ventilées, ventre-dos, ventre-dos.
Pr Jean-Luc Reny du Service de médecine aux HUG