Le diabète est la cause principale d’amputations des membres inférieurs. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime qu’il y a environ 250'000 amputations des membres inférieurs par année en Europe chez des patients diabétiques. 85% de ces amputations sont totalement évitables.
La grande majorité des complications du pied menant à une amputation commence par la formation d’un ulcère de peau. Les études épidémiologiques ont prouvé qu'un ulcère précède et est responsable de 85% de toutes les amputations chez les diabétiques et que 94% des ulcères diabétiques se produisent sous la zone d’une hyperpression plantaire.
Un patient diabétique, en l’absence de la douleur aux pieds, continue à marcher même s’il y a une plaie qui se développe sous le pied. Le traumatisme permanent des tissus sous cutanés dû à des appuis constants et répétés plusieurs milliers de fois par jour est à l’origine d’une destruction tissulaire, souvent compliquée d’une surinfection atteignant les os et les ligaments.
La cascade vers une amputation commence donc souvent par une plaie banale au départ, négligée par le patient en raison de l’insensibilité, une plaie qui ne lui fait pas mal. La détection précoce de ces zones de pression anormale pourrait permettre de prendre des mesures de prévention contre l’apparition d’ulcères plantaires.
En dehors du traitement du diabète et de son parfait équilibre, la décharge du pied constitue l’élément clé du traitement et de la prévention des ulcères plantaires.
Possibilités thérapeutiques
Plusieurs modalités pratiques de mise en décharge sont actuellement à disposition : cannes béquilles, semelles orthopédiques, orthèses plantaires, chaussures orthopédiques, plâtres de décharge, fauteuil roulant ou alitement. Cependant, le taux de récidive des ulcères après la guérison reste très élevé.
Après la « guérison » de l’ulcère et quand le patient retourne à sa vie normale, il continue à marcher comme avant. Le facteur de risque principal – la pression plantaire élevée reste inchangé.
En réalité, le conseil « ne pas appuyer sur la lésion » est difficile à réaliser voire impossible à mettre en pratique par les patients. La raison principale de ce défaut d’observance est l’absence de cette douleur « alarme » conséquence de la neuropathie diabétique.
Recherche actuelle dans le domaine du pied diabétique
Le Pr Zoltan Pataky travaille en étroite collaboration avec l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) sur un projet de développement d’une chaussure « intelligente ». L’équipe du laboratoire d’actionneurs intégrés de l’EPFL a déjà développé plusieurs dispositifs médicaux qui ont contribué aux progrès de la médecine et au bien-être de nos patients.
La chaussure que nous développons aura pour but de détecter l’endroit du pied à risque (mesure permanente de la pression plantaire) et d’ajuster automatiquement la souplesse de la semelle à cet endroit afin de le décharger et diminuer ainsi le risque d’un ulcère et/ou amputation.
Un premier prototype de la chaussure « intelligente » sera disponible prochainement. Son principe de fonctionnement est résumé dans l'article que vous pouvez consulter en cliquant ici. La toute dernière évolution du programme de la chaussure intelligente est décrite dans l'article publié dans le journal Frontiers in Endocrinology en 2023.
La presse en parle ... LE TEMPS, 16 février 2016
Diabetes is the leading cause of lower limb amputations. The World Health Organization estimates that there are around 250,000 lower limb amputations per year in Europe among patients with diabetes, 85% of which are avoidable.
The vast majority of foot complications leading to amputation begin with the formation of a skin ulcer. Epidemiological studies have shown that an ulcer precedes and is responsible for 85% of all amputations in people with diabetes, and that 94% of diabetic ulcers occur under the area of high plantar pressures.
In the absence of foot pain, a person with diabetes may continue to ambulate even if a wound develops under the foot. The constant trauma to the subcutaneous tissue caused by constant and repeated pressure thousands of times a day leads to tissue deterioration, often complicated by infection of the tissue, bones and ligaments.
The pathway towards amputation therefore often begins with an initially trivial wound, often unnoticed by the patient due to peripheral insensitivity. Early detection of these areas of abnormal pressure could enable preventive measures to be taken against plantar ulcer development.
Apart from general diabetes treatment, foot offloading is the key to treating and preventing plantar ulcers.
Therapeutic options:
There are a number of practical ways to offload the foot: crutches, orthopedic inserts, plantar orthoses, orthopedic shoes, offloading casts, wheelchairs, or bed rest. However, the rate of ulcer recurrence after healing remains very high.
After the ulcer has “healed” and the patient returns to normal life, he or she will likely continue to walk as before. The main risk factor, high plantar pressure, remains unchanged.
In reality, the advice given to patients to offload high plantar pressures is difficult, if not impossible, to put into practice. The main reason for this lack of compliance is the absence of the pain “alarm” resulting from diabetic neuropathy.
Current research on the diabetic foot
Pr Zoltan Pataky is working closely with the Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) on a project to develop “intelligent” footwear. The team at EPFL’s Integrated Actuators Laboratory has already developed several medical devices that have contributed to medical progress and the well-being of patients.
The aim of the footwear being developed is to detect the area of the foot at risk (defined by high plantar pressure measurements) and to automatically and intelligently adjust the flexibility/contour of the insole under this area to relieve the pressure and thus, reduce the risk of ulceration and/or amputation.
The team has conducted preliminary tests on an “intelligent” footwear prototype which will be available soon. The principle behind the footwear’s functionality is summarized in the article published in the journal Frontiers in Endocrinology in 2023.