Toujours au coeur de l’action, l’infirmière spécialisée des urgences fait preuve de qualité d’écoute et de dialogue au sein d’une équipe multidisciplinaire.
Travailler aux urgences des HUG, c’est mettre une compétence professionnelle pointue au service d’une organisation minutieuse. L’infirmière spécialisée, aux avant-postes de l’hôpital, doit faire preuve de diplomatie et d’efficacité pour gérer les petits bobos comme les grands malheurs.
7h00 - Michèle Malacrida, infirmière spécialisée, 12 ans d’expérience, prend les rênes du service. Elle tiendra « la porte » jusqu’à 19h. La journée commence avec le briefing des collègues de nuit. Ensuite, elle inspecte le chariot de réanimation, les stocks de médicaments d’urgence et les réserves de sang : minimum quatre poches, groupe O négatif, universel, pour utilisation immédiate. Pour l’heure, c’est calme : une patiente asthmatique et un patient angoissé en salle d’attente. De l’autre côté du desk, dans le secteur « attentes couchées », un seul des 10 lits est occupé. A l’arrière, les 17 boxes médico-chirurgicaux, dont trois de réanimation (voie rouge), sont parés. Une des tâches de Michèle sera d’aiguiller les patients vers les différents itinéraires. Voie verte : traumatologie (accidents mineurs). Voie orange : ambulatoire (grippes, infections, etc.). Voie blanche : psychiatrie. Voie grise : gériatrie.
7h45 - Les ambulanciers amènent une femme au visage tuméfié. Elle se plaint d’avoir été violée et battue depuis des jours et réclame un somnifère. Son discours n’est pas toujours cohérent. « Son compagnon a été écroué. Il doit y avoir du vrai », indique l’ambulancier dans son rapport. Il faudra décider : traumatologie ou psychiatrie.
8h10 - Le 144 annonce un accident vasculaire cérébral (AVC), premier d’une longue série. C’est un NACA 4 – cet indice de gravité international est codé de 0 (indemne) à 7 (décédé).
10h00 - Réunions « flux ». Michèle, entourée de deux chefs de clinique, d’un médecin trieur et du tandem médecin adjoint/ infirmière-cadre, fait le point. Ces séances contribuent à réduire les durées de séjour et les temps d’attente.
10h20 - L’accueil est pris dans un double flux. D’un côté, ceux qui viennent par leur propre moyen. De l’autre, les patients du 144. Souvent des cas plus graves : AVC, malaises cardiaques, accidentés. Ou plus énigmatiques, comme cette quinquagénaire. Elle a avalé une bouteille de codéine et réclame à cor et à cri… son gramophone.
13h00 - La tension monte de plusieurs crans. Les 10 lits d’attente et les 17 boxes affichent complet. « Je vais proposer au médecin d’accueil d’hospitaliser directement les patients », annonce Michèle. Elle se démultiplie, gère l’impatience croissante des patients et trouve des lits dans les étages.
15h15 - Niveau d'alerte maximum : un NACA 6. Arrivée aux urgences : sept minutes. Victime d'un grave accident, l'homme souffre d'une hémorragie interne. Le pronostic vital est engagé. Michèle libère une salle de réanimation et met une dizaine de personnes dans les starting-blocks. Quelques minutes plus tard, la civière déboule, poussée par les ambulanciers. C'est le branle-bas de combat, la machine à soigner est lancée.
15h45 - De retour au desk, l'infirmière constate que Panorama, le logiciel de supervision des urgences, affiche déjà complet. La nuit sera rude. Pourtant, ce métier elle l'aime. « Je suis contente de moi quand j'ai pu soulager, accompagner ou même simplement renseigner, orienter des patients et des familles à un moment difficile de leur vie ».