Ton cerveau est capable d’emmagasiner beaucoup d’informations, d’apprendre une nouvelle langue, de se souvenir de plein d’expériences.
Le Pr Martial Van der Linden, professeur ordinaire en psychologie clinique à l’Université de Genève, explique les différents types de mémoire.
Qu’est-ce que la mémoire ?
Cette fonction permet de garder dans ta tête plein d’informations et de les récupérer ensuite pour les utiliser. On peut même parler de mémoires au pluriel, car il y en a plusieurs. Chaque mémoire est spécialisée dans le stockage de différentes sortes d’informations.
Quels sont ces types de mémoire ?
Il faut distinguer la mémoire de travail à court terme, de la mémoire à long terme. La première garde une trace de l’information pendant le temps que tu en as besoin pour réaliser une tâche. Par exemple, lorsque tu additionnes mentalement deux nombres (47 + 29), tu maintiens temporairement les deux termes afin de réaliser les différentes étapes de l’opération mentale.
Et qu’en est-il de la mémoire à long terme ?
Elle se décline en quatre systèmes. Il y a le souvenir des événements qu’on a personnellement vécus dans un lieu et à un moment donné (mémoire épisodique). C’est le souvenir de ce que tu as mangé dans un restaurant, d’un cours d’histoire, d’une conversation avec un camarade de classe, etc. Tu ne vas garder longtemps que les épisodes qui ont une importance pour toi.
Il y aussi la mémoire sémantique qui contient tes connaissances générales sur le monde, la signification des mots, le nom des capitales, la fonction d’un outil, etc. Ce sont des connaissances factuelles, sans contexte particulier: tu sais ce qu’est un trousseau de clés, sans te souvenir quand et comment tu l’as appris.
Et les deux autres ?
Il y a la mémoire (procédurale) qui correspond au stockage de nos habiletés, de nos savoir-faire. Elle permet de rouler à vélo, de conduire une voiture, de manger, de jouer aux cartes sans être totalement concentré sur ces tâches, car c’est devenu automatique. Enfin, la mémoire (perceptive) qui conserve l’information apportée par les sens (vue, ouïe, goût, odeur) et permet par exemple de se souvenir de la forme d’un visage.
Ces mémoires dépendent-elles d’une région particulière du cerveau ?
Non, il y a plutôt un ensemble de régions cérébrales connectées entre elles travaillant toutes pour les différents types de mémoire. A savoir le cortex préfrontal, l’amygdale, l’hippocampe, le lobe temporal, le cervelet, etc.
Comment se passe la mémorisation ?
On distingue trois phases dans le processus de mémorisation l’encodage*, le stockage – processus de consolidation pour rendre le souvenir plus résistant à l’oubli – et la récupération (réactivation) de l’information pour la réutiliser. Plus un souvenir est organisé, structuré, plus il est facile à retrouver. L’oubli peut être causé par des ratés à chacune de ces étapes : mauvais encodage, trace insuffisamment consolidée, difficulté de récupération.
Qu'est-ce que l'encodage ?
L'encodage est la manière avec laquelle on traite l’information à mémoriser pour qu’elle devienne une trace en mémoire qui sera aisément accessible. Par exemple, lors d’une tâche de mémoire d’une liste de mots, le mot « abricot » peut être encodé comme étant un fruit, rond, orange avec un noyau. L’efficacité de la récupération dépend de la qualité de l’encodage
Astuces pratiques
Comment faire pour qu’un apprentissage s’installe durablement dans notre mémoire ?
Martial Van der Linden, professeur en psychologie clinique à l’Université de Genève, donne quelques astuces. La première intéressera les étudiants qui éprouvent des difficultés à apprendre une nouvelle langue : l’apprentissage distribué (étalé dans le temps) entraîne de meilleures performances sur le long terme que celui concentré sur une courte période. « Si vous devez apprendre trente nouveaux mots de vocabulaire, il vaut mieux en apprendre dix par jour en mêlant cette activité à d’autres apprentissages plutôt que tous en une fois », relève-t-il.
Deuxième élément important : se tester soi-même. « En relisant les notes d’un cours, l’important est de se poser des questions pour voir si on est capable d’y répondre. D’abord, cela permet de s’assurer qu’on a bien encodé l’information. Ensuite, en récupérant l’information, on renforce la trace en mémoire », explique le psychologue. Dernier facteur : l’intime conviction que c’est important pour soi. « Des enseignants négligent d’expliquer aux élèves que ce qu’ils apprennent est utile pour eux. Ces derniers encodent plus efficacement s’ils le savent ». Ajoutons enfin que le sommeil rejoue les scènes et consolide les informations en gardant celles marquées par les émotions.