Atteinte de broncho-pneumopathie chronique obstructive, Nicole retrouve un second souffle après une greffe des poumons.
Depuis l’âge de 14 ans la cigarette colle aux lèvres de Nicole. Chaque jour, elle en a grillé deux à trois paquets. Et le cancer des poumons ? Pour les autres. Pas pour moi. C’est ce qu’elle se disait. « Et à l’époque tout le monde fumait. A la maison, au bureau, au bistrot… partout!», se souvient-elle.
Pourtant, en 2005, sa mère, grande fumeuse devant l’Eternel, décède des suites d’une broncho-pneumopathie chronique obstructive et d’un emphysème pulmonaire. Nicole encaisse durement le choc de ce deuil. Sa santé se détériore. Elle aussi respire de plus en plus mal, et commence à perdre du poids. Inexorablement : 20 kilos en quelques années.
Puis arrive le 17 avril 2011. « Je n’oublierai jamais ce jour. Je ne pouvais plus respirer du tout. Quelle angoisse ! Une horreur... » Toute sirène hurlante, elle est transportée en urgence aux HUG, à la limite de l’asphyxie. Le diagnostic tombe vite : broncho-pneumopathie chronique obstructive, abrégée BPCO. Une maladie qui se caractérise par une destructionlente et irréversible des alvéoles pulmonaires. Nicole ne retournera jamais au travail. En attente d’une greffe des poumons, cloîtrée à la maison et arrimée à une bonbonne d’oxygène 24h/24, le moindre effort la met hors d’haleine. « Je restais assise, des heures, penchée en avant, à la recherche de la position la plus favorable pour qu’un peu d’air entre dans le seul poumon encore pas trop atteint. La nuit, je portais un masque. Un cauchemar. Les antidépresseurs m’aidaient à tenir le coup. »
La greffe qui change tout
Le 10 décembre 2012 à 6 heures du matin, un coup de téléphone change tout. A l’autre bout du fil, une voix calme, professionnelle, lui apprend que deux poumons sont disponibles. Nicole doit partir pour le Centre hospitalier universitaire vaudois. Sur le champ. « Impossible de vous décrire l’immense joie qui m’a envahie. C’était extraordinaire. Magique ! »
Elle est transplantée à Lausanne en fin d’après-midi. Lorsqu’elle se réveille le surlendemain de l’opération – après un coma artificiel pour éviter la phase de douleurs aiguës –, elle va bien, gère les souffrances. Sept jours plus tard, elle est transférée aux HUG où elle reste hospitalisée encore trois semaines.
« J’ai tout de suite senti la différence. Je respirais sans bonbonne. Je pouvais marcher sans m’essouffler, sans que le coeur batte à tout rompre. Aujourd’hui, je revis. Je vais en montagne. Je voyage. Vous savez, j’ai changé tout le mobilier de mon appartement. Après 50 ans, on a encore de belles choses à vivre ! », lance Nicole avec un sourire gourmand.
Et ajoute : « Je remercie de tout coeur le service de pneumologie des HUG, les médecins et les infirmiers. Ils étaient toujours là pour parler si j’avais le cafard, pour partager de la bonne humeur. Avec eux, j’ai toujours gardé mon sens de l’humour. Sans ça… ».
L’Organisation mondiale de la santé estime qu’en 2020 la BPCO sera la troisième cause de mortalité par maladie dans le monde. Notamment parce que les femmes sont de plus en plus nombreuses à fumer.