A 86 ans, Marie-Thérèse Debulle a retrouvé une qualité de vie appréciable. Grâce à une valve aortique placée sous anesthésie locale.
Dans les pays développés, le rétrécissement de la valve aortique à la sortie du coeur touche environ 5% des plus de 75 ans. Mais chez les personnes très âgées ou souffrant d’autres maladies graves, la chirurgie à coeur ouvert est trop risquée. Que faire ? Il existe heureusement une autre solution : l’implantation d’une valve biologique par voie percutanée, c’est-à-dire par une petite incision de la peau au niveau du pli de l’aine. La première aux HUG – également une première en Suisse romande – a été réalisée en août 2008. Depuis, plus de cent personnes en ont bénéficié, dont Marie-Thérèse Debulle. Témoignage de cette alerte octogénaire, 86 ans plus précisément, opérée en novembre 2012.
« J’avais de la peine à souffler au moindre effort. Je me sentais fatiguée dans tout ce que je faisais et ne sortais plus beaucoup, moi qui ai toujours été vive », se souvient-elle. Après une évaluation par une équipe multidisciplinaire des HUG, on lui propose cette intervention. Elle n’hésite pas une seconde : « On m’a tellement bien expliqué. Je suis partie sans peur, vraiment confiante. »
L’opération, sous anesthésie locale, consiste à passer par l’artère fémorale pour déployer la valve biologique. « J’étais un peu assommée au réveil à cause des sédatifs, mais je n’ai pas vu passer le temps. Tout s’est très bien passé. Après une nuit de surveillance aux soins intensifs, je suis montée en chambre. Dès le premier jour, j’ai pu me lever. C’est formidable ! On ne sent pas qu’on a une valve. Je suis restée une semaine pour des contrôles réguliers du coeur et n’ai jamais eu mal », relève-t-elle. On est loin des fortes douleurs ressenties après une sternotomie (section du sternum) en chirurgie cardiaque.
« On oublie la valve »
Au sortir de l’hôpital, elle reconnaît avoir eu un peu d’appréhension. « Les premiers temps, j’avais peur que ce machin-là bouge, mais on finit par l’oublier. » Du coup, elle reprend ses activités préférées. Elle retrouve ainsi tous les mercredis ses amies au Point de rencontre, une salle de quartier, pour boire un café, manger une soupe, discuter ou encore jouer au loto. « Assez vite, j’ai décidé de faire comme si de rien n’était. J’ai recommencé à aller à la Migros tous les jours. Même pour une plaque de beurre, je ressors : il ne faut pas renvoyer au lendemain, sinon on se laisse aller. Et je remonte mes escaliers tous les jours. »
D’ailleurs, toutes les échocardiographies de contrôle effectuées depuis l’intervention sont rassurantes. Elle regarde l’avenir avec optimisme. Certes, elle ne fait plus de grandes promenades – « C’est à cause des mes hanches et pas de mon coeur », précise-t-elle – mais l’indépendance retrouvée n’a pas de prix : « Regardez comme je suis aujourd’hui, je revis comme avant. Quel bonheur de ne plus être essoufflée dans les activités du quotidien ! »