La passion des chevaux, toujours intacte.
En 2008, une chute de cheval plonge Celine van Till dans un profond coma.
A son réveil, la jeune espoir de l’équitation suisse doit
réapprendre à vivre.
« Je… wouaw… j’écris super vite ! C’est la première fois que mon écriture est si fluide. Génial… ». Trois ans après son accident, Celine van Till dédicace son livre avec un de ces enthousiasmes qui lui ont fait reprendre goût à la vie. Paru aux éditions Slatkine, son ouvrage raconte avec une rafraîchissante force expressive l’histoire d’une descente aux enfers et d’une résurrection.
A vingt ans, Celine vivait un rêve. Après sa chute, elle s’est réveillée dans un cauchemar. Dans son rêve, elle est jeune, belle, cavalière accomplie, au grand galop vers les podiums internationaux avec l’équipe suisse junior de dressage. Au printemps 2008, en stage d’entraînement en Allemagne, entourée de sa famille, elle chevauche un grand hongre alezan en vue d’un championnat aux Pays-Bas, deux semaines plus tard.
Dans son cauchemar, un être humain aux contours imprécis, le regard perdu, recroquevillé dans une chambre du service de neurologie à l’Hôpital de Beau-Séjour, la tête rasée et barrée par une effroyable cicatrice, sans mémoire, sans force, incapable même de marcher, profère des insultes avec une voix aiguë qu’elle ne reconnaît pas. Entre le rêve et le cauchemar,
entre la fière cavalière et la patiente désorientée : un trou noir. La chute de cheval. Le coma. Un mois aux soins intensifs d’un hôpital à Francfort.
Rapatriée en hélicoptère en juillet 2008, Celine, à demi consciente, est rapatriée en hélicoptère aux HUG. L’état confusionnel dure deux mois. « Au début, je hurlais, frappais les soignants qui approchaient. J’en voulais à la terre entière », raconte Celine.
En recouvrant sa lucidité, elle mesure l’étendue des dégâts : perte du contrôle moteur des bras et des jambes. Vision double. Facultés cognitives d’un enfant de trois ans. Elle ne sait plus additionner deux et deux, ni lire ni écrire. Elle sombre dans la dépression. « J’ai fait plusieurs tentatives de suicide et je disais des horreurs à ma mère pour qu’elle pleure encore davantage.»
Mais la jeune fille est entre de bonnes mains. Les soignants l’encadrent avec patience et intelligence. Elle doit tout réapprendre : à parler, à marcher, à lire et à compter. Mais elle garde quelques bons souvenirs de son
passage à l’Hôpital de Beau-Séjour. « Je ne suis pas mécontente d’avoir été sur cette planète-là et d’avoir connu des gens si merveilleux », écrira Celine. Les autres patients aussi l’aident à reprendre pied. « Pour guérir, il faut être solidaire et proche de ceux qui vivent les mêmes souffrances que vous. L’hôpital m’a donc appris la solidarité. Il y a peu d’institutions dans notre société qui vous l’apprennent aussi bien », affirme-t-elle.
Les progrès de Celine sont continus. Elle remonte même à cheval. Et, en octobre 2010 au Kentucky (Etats-Unis), elle décroche avec l’équipe paralympique suisse la 4e place aux Jeux équestres mondiaux, dans la catégorie dressage.