Théo naît avec un syndrome malformatif qui entraîne une mort précoce. Témoignage de sa mère.
« Ma grossesse était formidable. Il y avait juste une grande quantité de liquide amniotique. Comme je savais que c’était un garçon, je me disais que Théo (ndlr : son prénom) serait un bon nageur », se souvient Anna.
Le terme étant dépassé de plusieurs jours, l’accouchement est finalement provoqué. Ce 6 août 2011, la vie d’Anna bascule. « Mon bébé était bleu, avait un faciès différent et une malformation des doigts et des oreilles.
Je le dis aujourd’hui, mais sur le moment, je n’ai rien vu, j’étais dans le déni », explique-t-elle. Elle est entourée d’un mari « très présent » et de sages-femmes « douces », mais qui ne peuvent pas poser de diagnostic. Pas
plus que le médecin qui décide de le transférer aux soins intensifs en raison de complications. « Cela m’a reprojetée en 1996 où ma première fille, née avec une malformation, avait subi une opération de cinq heures,
juste après sa naissance pour fermer son abdomen. »
« Serein dans mes bras »
Après des examens, le diagnostic est finalement annoncé par l’équipe soignante au complet – les médecins des soins intensifs, la cardiologue et la généticienne –, il s’agit d’une trisomie 18. Ce syndrome malformatif entraîne la mort précoce. Pour Théo, ce sera six semaines plus tard. « Durant cette période, j’étais presque 24h/24 avec mon enfant. J’ai demandé à être le plus autonome possible et les infirmières des HUG m’ont beaucoup aidé en ce sens. J’avais tout le temps Théo sur moi. Un jour, il a arrêté de respirer et j’ai vu dans ses yeux qu’ il n’y avait plus d’âme », raconte-t-elle. Comment faire ensuite son deuil ? « Je l’ai vu partir et j’ai senti qu’il partait serein dans mes bras, cela m’a beaucoup aidé. Ensuite, dans mon malheur, j’ai eu la « chance » de pouvoir me préparer pendant les 45 jours de vie de Théo. J’avais aussi déjà vécu les deuils de mon père et de ma mère », répond-elle. Surtout, elle est aidée par Martial, son mari thérapeute, toujours à ses côtés. « J’ai donné du sens à ce qu’on a vécu grâce au décodage biologique des maladies. J’avais des choses à comprendre avec sa venue au monde. » Dès lors, elle poursuit son chemin de vie et, comme elle aime le répéter, ne se pose pas en victime. « Tous les soignants qui m’ont entourée ont été extraordinaires. Je n’en veux à personne et n’ai pas à faire porter la responsabilité aux autres. »
Hommage touchant
En mars 2014, elle participe à la cérémonie du souvenir avec d’autres couples ayant vécu la même épreuve, pour certain d’entre eux dans un processus de deuil encore inachevé. Un moment de partage où elle a notamment apprécié l’intervention d’une conteuse et des gestes symboliques liés aux photos et aux prénoms des différents enfants. « Un hommage qui m’a touché », dit-elle. A 40 ans, Anna, qui a suivi plusieurs formations en développement personnel, notamment en Reiki, est aujourd’hui en paix avec elle-même et son entourage.