Arrivé de sa Guinée natale, Lamine demande asile en Suisse puis tombe gravement malade. Guéri, il rêve d’un avenir professionnel ici.
Son histoire commence comme celle d’autres Africains : fuir son pays pour une terre d’asile, synonyme d’espoir. A 25 ans, Lamine quitte la Guinée, ce petit pays d’Afrique occidentale enclavé dans le Sénégal, traverse le Maghreb, passe cinq mois en Espagne et arrive à Genève en 2004.
Non-entrée en matière
Démuni, analphabète, ne parlant pratiquement pas le français, il côtoie des Ivoiriens avec lesquels il dialogue en mandinka. « Ils m’ont dit que je ne pouvais pas rester ici et qu’il fallait aller à Vallorbe pour régler ma situation. Ils m’ont payé le billet », se souvient-il. Au centre d’enregistrement de l’Office fédéral des migrations, il reçoit un livret N (pour requérants d’asile). De retour au bout du lac, il est logé dans un foyer de l’Hospice général. La procédure d’asile se poursuit, mais le couperet tombe : il est frappé d’une décision de non-entrée en matière et doit quitter le territoire le plus rapidement possible.
Mais comme un malheur n’arrive jamais seul, il a, au même moment, de graves problèmes de santé. « J’avais mal au ventre, au dos, des difficultés à marcher avec des douleurs au pied droit », explique-t-il. En apparence banals, ces symptômes cachent en réalité un terrible diagnostic : une tumeur dans la région lombaire liée à un cancer du sang à un stade avancé. Il sollicite une aide d’urgence en vertu de l’article 12 de la Constitution fédérale (droit à l’aide en détresse) et s’ensuivent dix-huit mois de traitements lourds. Opération, chimiothérapies, autogreffe de moelle lui permettent de guérir. « Je dis merci à tous les médecins et infirmières : à l’hôpital, à Beau-Séjour, au CHUV. Tout le monde a été gentil avec moi. Ils m’ont beaucoup répété les explications pour que je comprenne. Chez moi, il n’y a pas de matériel, de technologie. Si j’étais tombé malade là-bas,je serais sûrement mort ou ne pourrais pas marcher », insiste Lamine.
Apprendre à lire et à écrire
Mais sa vie ici, ce ne sont pas que les hôpitaux. Il suit deux fois par semaine des cours du soir à l’Université ouvrière de Genève pour apprendre le français, à lire et à écrire. «C’était dur pour moi. Mon père était pauvre et n’a pas pu me payer d’école», souffle-t-il. Son intégration passe également par le travail. Il est embauché par un centre de tri de papier, bois et ferraille. « C’était dur. Il y avait beaucoup de poussière, mais je gagnais de l’argent et pouvais en envoyer à ma famille. Je ne touchais plus de rente de l’hospice pour vivre. » Un contrat de deux ans qui a pris fin en août dernier. Depuis lors, il cherche un nouveau travail avec l’aide d’un assistant social. Désormais détenteur pour raison de santé d’un permis F (pour étrangers admis provisoirement), il entreprend également des démarches pour obtenir un passeport gambien.
Et l’avenir ? « J’aimerais rester ici avec un autre permis de séjour pour travailler et vivre tranquillement. J’espère, un jour, pouvoir revoir ma famille », répond- il sereinement.
Egalité des chances
Les HUG s’efforcent depuis une quinzaine d’années de garantir un accès aux soins équitables pour les patients démunis. Cette politique s’est traduite notamment par la création de consultations spécifiques destinées aux personnes très précaires, aux demandeurs d’asile, aux sans-papiers, etc. Depuis 2011, les HUG participent également, avec quatre autres hôpitaux suisses, au Programme interdépartemental santé précarité migrants subventionné par l’Office fédéral de la santé publique dans le cadre des projets Migrant friendly hospitals. « Le but est de repérer précocement la précarité et le niveau socio-économique du patient en tenant compte de certains indicateurs comme le type de permis
de séjour ou le degré de compréhension du français », relève la Dre Sophie Durieux, médecin adjointe, responsable du Programme santé migrants des HUG.