Claude et Anne-Marie Valloton. La greffe les a rapprochés.
La greffe d’un rein est toujours une aventure. Surtout quand l’organe est celui de sa femme.
A l’occasion de la Journée nationale du don d’organes, le 10 septembre 2011, Pulsations a recueilli le témoignage d’un transplanté, Claude Vallotton, ancien directeur financier des HUG et premier greffé en Suisse romande à avoir reçu le rein d’un conjoint.
« Je vis comme avant. Sauf que j’avale six ou sept pilules le matin et presque autant le soir. Il y a certains effets secondaires, qu’il faut gérer… mais je mange de tout. Je fais du sport, je voyage. Je peux même déguster un petit verre de blanc ; ce n’était pas le cas les cinq premières années après l’opération », sourit Claude Vallotton. « Après la première opération en novembre 1996, je m’étais promis une journée entière de ski aux Portes du Soleil », se souvient-il.
Quelques années plus tard, il participe aux mondiaux de ski des transplantés – en 2008, en Laponie, et en 2010, en France – et remporte en tout huit médailles d’or et deux d’argent. Il est déjà sur la liste des prochains jeux, en 2012 à Anzère. La première greffe a tenu cinq ans. En 2001, Claude Vallotton a bénéficié d’une seconde transplantation. « J’ai eu la chance de recevoir un deuxième rein. J’en éprouve de la reconnaissance. Je peux encore profiter quelques années des beautés de la vie », raconte l’ancien directeur financier des HUG.
Et à 63 ans, il a vu bien des merveilles : du rassemblement de baleines, dans la baie de Samana, en République dominicaine, aux séquoias géants de Californie. Ce n’est pas son rein qui l’empêchera de poursuivre sa carrière de globe-trotter. « Seule contrainte, je dois maintenant rester à proximité raisonnable d’un hôpital. Par sécurité. »
Réseau gagnant
Grâce au Programme latin de don d’organes lancé en 2008, regroupant 17 hôpitaux publics romands et tessinois, le nombre de donneurs dans ces établissements a augmenté en 2010 de 70%, à 51 personnes. La même année en Suisse, 76 patients attendaient un coeur, 116 des poumons, 254 un foie et 1171 un rein. Parmi eux, 59 sont décédés avant d’avoir reçu l’organe.
Aventure conjugale
En 1996, quand sa femme lui annonce qu’elle veut lui donner un rein, Claude Vallotton ne croit pas que la chose est possible. Anne-Marie, elle, savait qu’à Bâle on transplantait déjà entre conjoints. « J’avais lu un article sur le sujet », se rappelle-t-elle. Si c’était à refaire, elle n’hésiterait pas : « La première fois que j’ai revu mon mari après l’opération, c’était tellement fort... presque comme mon premier accouchement ! Cette aventure nous a rapprochés. Et je vis très bien avec un seul rein. »