L’incontinence urinaire (IU) est un symptôme fréquent. Les conséquences sont d’ordre physique, psychique, social et économique. Elles entrainent une diminution de la qualité de vie. C’est un problème de santé publique reconnu en raison de sa fréquence et de son coût socio-économique. Environ 500’000 personnes souffrent d’incontinence urinaire en Suisse [1].
Bien que l'IU puisse survenir tout au long de l’existence, sa fréquence et sa sévérité augmentent clairement avec l'âge dans les deux sexes. Sa prévalence reste plus élevée chez la femme ménopausée. Chez les patients atteints de pathologies neurologiques (sclérose en plaques, traumatisme médullaire, maladie de Parkinson, etc.) le dysfonctionnement de l’appareil urinaire est également fréquent. L’enjeu de l’incontinence chez les sujets dépendants (principalement personnes âgées et atteintes de pathologies neurologiques) est particulièrement important car il augmente la charge de soins prodigués par une tierce personne ; il est ainsi l’un des principaux motifs d’institutionnalisation [2].
Au vu du vieillissement général de la population, les hôpitaux sont appelés à accueillir des personnes de plus en plus âgées et dépendantes. Aux HUG, la prévalence mesurée de l’IU est de 38 % des patients hospitalisés (2011). Dans certains services, elle dépasse 50 % (2020) [3].
Peu évoquée spontanément, il est nécessaire que les professionnels de la santé abordent le problème de l’incontinence urinaire systématiquement avec chaque patient, en particulier pour les populations à risque [4]. Une fois mise en évidence, il faudra pouvoir en préciser l’origine afin de proposer une prise en charge. Cette dernière se révélant souvent efficace, elle améliorera significativement la qualité de vie du patient. De 50 à 75% des cas d’incontinence urinaire peuvent être guéris ou améliorés grâce à des mesures adaptées [5]. Il est donc impératif que les soignants des différents services, même non spécialisés dans le traitement de l’incontinence, aient conscience de ce problème et assurent la prise en charge initiale et surtout évitent de précipiter l’apparition de ce symptôme.
Des recommandations sont définies sous forme d’algorithme pour l’évaluation et la prise en soins de l’incontinence urinaire en milieu hospitalier en première et en seconde ligne, afin de favoriser une meilleure prise en charge de l’incontinence urinaire chez les patients adultes et âgés hospitalisés.
[1] Société Suisse d'aide aux personnes incontinentes. Une souffrance que l'on tait, consulté le 6 septembre 2021
[2] Kassouha A., Gogniat V., Vuagnat H., Meriah H., Iselin C.. Démarches d’amélioration de la qualité des soins liés à l’incontinence urinaire. Rev Med Suisse 2013; 9 : 2289-93.
[3] Enquête annuelle de prévalence « zoom escarre », HUG,2011-2020
[4] Gogniat V, Rae AC, Séraphin MA, et al. Incontinence urinaire : connaissances, représentations et pratiques des soignants. Enquête aux Hôpitaux universitaires de Genève. Rech Soins Infirm 2011 Dec;(107):85-97
[5] Tannenbaum, 2012, réseau canadien pour la santé des femmes.