Pour Gnilane, maman d’une petite prématurée, la séparation n’a pas été facile à vivre. Mais, savoir que sa fille était dans de bonnes mains le valait bien.
Gnilane se promène. Elle sent des pertes, mais ne s’alarme pas. Dans deux jours, elle fêtera Noël en famille. Son gynécologue, qu’elle a vu une semaine plus tôt, l’a rassurée : la grossesse
se passe très bien. Et puis tout s’accélère : rupture de la poche des eaux, surveillance rapprochée, piqûre pour faciliter la maturation des poumons, césarienne. Nora naît le 28 décembre…
au lieu du 11 février, terme prévu. Prématurée de 33 semaines et 5 jours. Comment vit-on une telle naissance ?
Personnel à l’écoute
« Elle a crié. C’était bon signe. On me l’a montrée au-dessus du drap. Même si on m’avait avertie, cela a été dur de ne pas pouvoir la toucher. Il fallait tout de suite l’amener vers le
pédiatre pour effectuer les premiers contrôles », se souvient Gnilane, expert comptable, déjà maman. Le lendemain, elle la retrouve deux étages plus bas dans une chambre de l’unité de
néonatologie. La petite Nora, deux kilos, est dans une couveuse avec un matelas chauffant. Sans assistance respiratoire, mais entourée de tuyaux et de machines.
« Celles-ci font beaucoup de bruit. C’est impressionnant. Au moindre changement de paramètre, par exemple lors d’une apnée, les bips résonnent. C’est stressant au début, mais le personnel, présent 24 heures sur 24, réagit tout de suite. Il nous écoute et répond à nos questions. On a de la chance d’avoir toutes ces compétences réunies autour de notre enfant. Tout est là pour donner la vie », se félicite Gnilane.
Cette dernière passe désormais le plus clair de son temps auprès de sa fille. Pour la changer, la toucher ou simplement l’embrasser. « On peut y aller à tout moment du jour et de la nuit. »
Lorsqu’elle se retrouve seule dans sa chambre, la séparation est difficile : « Ma voisine avait son bébé auprès d’elle, moi pas. C’est frustrant et bizarre : vous l’avez eu pendant sept mois et
demi et puis il n’est plus présent ni en vous ni à côté de vous. »
Chambres hôtelières confortables
Après une semaine, Gnilane quitte sa chambre du post-partum, mais reste à la Maternité. Plus précisément dans une des deux chambres hôtelières situées au rez-de-chaussée. Financées
par la fondation Artères, elles sont destinées aux mères afin de leur éviter de pénibles allers-retours entre le domicile et l’hôpital. « Elles sont lumineuses et confortables. On s’y sent bien. J’y ai dormi tous les soirs au début, puis un soir sur deux, mais cela me permettait de me détendre un moment durant la journée. » Elle en profitera durant trois semaines, la petite Nora ayant été transférée à l’unité de développement en pédiatrie. « Elle allait mieux, mais faisait encore ce qu’on appelle des événements (ralentissement du coeur, apnée) et son poids était insuffisant. C’est un lieu où on peut bien s’occuper de son enfant, où on reprend possession de son bébé. »
Après un mois, mère et fille peuvent quitter les HUG. « Le retour à la maison est un ouf de soulagement. J’avais l’envie de reprendre un rythme normal et d’intégrer Nora au reste de la famille », relève Gnilane. Pour le plus grand bonheur de son frère Samuel, de sa soeur Solène et de son père Nicolas.