Aïe ! J’ai quelques kilos en trop… C’est grave docteur ? Ça peut le devenir, prévient la Dre Nathalie Farpour-Lambert, médecin associée au service d'endocrinologie, diabétologie, nutrition et éducation thérapeutique du patient.
Comment définir l’obésité ?
C’est une maladie. Elle se caractérise par un important excès de graisse dans le corps. Au premier stade, lorsque cet excédent n’est pas encore trop visible, on parle de surpoids.
La graisse constitue la réserve énergétique du corps. Elle se trouve dans divers aliments et est absorbée pendant les repas. Une partie des sucres consommés est aussi transformée en graisse. Le tout est ensuite stocké dans les cellules graisseuses. Avec ces réserves, un être humain de constitution normale peut vivre en moyenne trois semaines sans rien manger (mais pas sans boire).
Quel genre de maladie est-ce ?
Les spécialistes la qualifient de chronique. Parce qu’elle peut durer toute la vie. Elle est en augmentation dans nos sociétés. Aujourd’hui, environ 5% des enfants sont atteints d’obésité et 18% sont en surpoids.
Comment l’obésité se développe-t-elle ?
Les deux causes les plus importantes sont l’hérédité et le mode de vie. L’une est ce que l’on reçoit des parents à la naissance. Par exemple, si ta maman ou ton papa souffre d’obésité, tu as plus de risque. L’autre, c’est surtout une alimentation inadaptée et le manque d’activité physique. Il faut savoir que plus l’obésité s’installe tôt dans la vie, plus elle est difficile à combattre.
Quel est le mode de vie idéal pour ne pas grossir ?
Manger de façon équilibrée.
Boire de l’eau.
Bouger le plus souvent possible.
C’est plus facile à dire qu’à faire. Nous consommons toujours plus d’aliments transformés. Ces derniers contiennent plein de sucres et de graisses ajoutés par l’industrie. Autres problèmes, on se déplace partout sans effort grâce aux transports motorisés et on passe une bonne partie de notre temps devant un écran. Bref, notre façon de vivre favorise l’augmentation du poids.
Existe-t-il d’autres facteurs favorisant l’obésité ?
Oui, les soucis causés par exemple par des problèmes à l’école ou dans la famille. Le cerveau considère la nourriture comme une récompense. Manger a donc un effet apaisant. Si tes parents divorcent ou si tu ne te sens pas aimé, par exemple, tu peux compenser cette souffrance en mangeant trop.
Est-elle si mauvaise pour la santé ?
Hélas oui. A long terme surtout. L’obésité provoque des maladies du coeur et des dépôts de graisse peuvent boucher les vaisseaux sanguins. Cela s’appelle le cholestérol. Elle cause aussi du diabète de type 2, une maladie qui empêche les organes d’utiliser leur carburant favori : le sucre. Sans parler d’autres problèmes comme des douleurs aux articulations, au dos, des difficultés à respirer ou de la dépression.
Pourquoi se moque-t-on des enfants obèses ?
Parce que c’est mal vu d’être gros dans notre société. D’un côté, on est bombardé de publicités pour la nourriture. De l’autre, les médias valorisent la minceur. Mais les moqueries ne font qu’aggraver cette maladie. Si tu veux aider un enfant en excès de poids ne te moque pas de lui.
10000 enfants sont en excès de poids dans le canton de Genève.
Vaincre l’obésité
Le traitement de l’obésité consiste à modifier le mode de vie. On peut agir sur les déplacements (à pied, à vélo), le sport, les loisirs, le choix des aliments et des boissons, les quantités et la structure des repas pour toute la famille. A noter qu’une assiette équilibrée comprend environ un quart de protéines (viande, poisson, oeuf, produits laitiers), un tiers de féculents (pâtes, riz, pommes de terre, pain) et un peu plus d’un tiers de légumes, de salades ou de crudités. Les objectifs ne sont pas les mêmes chez l’enfant ou l’adolescent.
Un enfant gagne normalement trois à quatre kilos par an pour grandir. Il ne doit pas perdre du poids, mais ralentir sa prise pondérale annuelle à moins de trois kilos. De cette façon, il deviendra plus mince et retrouvera peu à peu une courbe de progression normale. Chez l’adolescent en fin de croissance, la perte de poids doit être définie avec le médecin ou la diététicienne.
Il est important de fixer ensemble des objectifs atteignables. On commence par déterminer les causes les plus probables du surpoids, puis on s’efforce de changer les comportements identifiés. Cela prend du temps. Mais les professionnels de la santé sont là pour soutenir les jeunes et les aider à choisir des objectifs raisonnables..